Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Les finances


Les banques

Après 1830, la révolution industrielle entre dans sa phase finale de consolidation qui s’achève vers 1847. Au cours de ces 2 décennies, une impulsion décisive est donnée par les banques qui financent le processus d’industrialisation et poussent au regroupement des entreprises sous l’égide de sociétés anonymes. Deux institutions bancaires jouent un rôle prépondérant :

  1. La Société Générale apparaît d’abord comme un organisme semi-officiel exerçant à la fois des fonctions :
    • De banque centrale
    • De banque de dépôts
    • De banque d’affaires

    Très vite, elle va cependant se comporter comme un groupe d’intérêts privés et pratiquer une politique de prise de participations industrielles.

    Entre 1835 et 1838, la Société Générale organise et finance 31 sociétés anonymes qui absorbent des entreprises préexistantes et à qui elle fournit des capitaux nécessaires à une nouvelle expansion. Elle édifie ainsi un empire industriel dont l’essentiel est formé par :

    • Des charbonnages du Hainaut
    • Des entreprises métallurgiques
    • Des entreprises de construction mécanique
    • Des entreprises de textile
  2. La Banque de Belgique est créée à l’initiative de Charles de Brouckère avec l’appui de Léopold 1er. Elle est destinée à faire contrepoids à la Société Générale soupçonnée de sympathies orangistes. La Banque de Belgique pratique le même type de politique que la Générale et constitue un autre empire industriel. Entre 1835 et 1838, elle fonde 24 sociétés anonymes :
    • Dans la métallurgie liégeoise
    • Dans les métaux non ferreux
    • Dans la fabrication du verre
    • Dans les textiles liégeois et verviétois

Chèque de la Société Générale Billet de la Banque de Belgique Charles de Brouckère
Chèque de la Société Générale Billet de la Banque de Belgique Charles de Brouckère  
La Belgique centenaire


Lorsque se produit la crise de 1838, les 2 institutions bancaires en sont affectées de manière inégale :

  • La Banque de Belgique doit suspendre ses paiements et ne se rétablit qu’avec l’aide du gouvernement. Ses activités prendront fin en 1876 lorsqu’elle sera déclarée en faillite.
  • La Société Générale, soutenue par les Rothchild de Paris, passe plus facilement ce cap difficile.

Bruxelles fait désormais figure de capitale financière.

Création de la Banque Nationale de Belgique

La révolution parisienne de 1848 suscite un mouvement de panique en Belgique entraînant un manque de liquidités dans les banques suite aux nombreuses demandes de remboursement. De son côté, le gouvernement est lui-même confronté à une crise de trésorerie qu’il tente de surmonter par certaines mesures :

  • Il impose le cours forcé des billets de banques
  • Il impose un emprunt forcé
  • Il autorise de nouvelles émissions de billets

Une fois la situation stabilisée, le gouvernement tire les leçons de la crise et prend conscience de la nécessité de réformer la circulation fiduciaire. Il crée, en 1850, une banque centrale, la Banque Nationale de Belgique, qui prendra le relais de la Société Générale en tant que caissier de l’Etat. C’est elle qui, dorénavant, sera chargée de l’émission de la monnaie belge.

Loi de 1850 créant la BNB Banque Nationale de Belgique
Loi de 1850 créant la BNB  La Banque Nationale de Belgique (BNB)  
La Patrie belge. 1830-1930

 Les groupes bancaires et industriels

Après la Première Guerre mondiale, des groupes bancaires et industriels :

  • Acquièrent à l’étranger des mines et d’autres centres de production des matières premières
  • S’assurent des débouchés
  • Créent des filiales
  • Rassemblent entre leurs mains les moyens de transport en commun, les centres électriques de distribution de force motrice et de distribution.

Ce régime de concentration vertical porte la production annuelle industrielle de la Belgique aux approches des 40 milliards.

La crise financière de 1926

SNCI - Timbre commémoratif
SNCI – Timbre commémoratif

Dans les années qui suivent l’armistice de 1918, il faut reconstruire le pays. Créée en 1919, la Société Nationale de Crédit à l’Industrie peut faire des avances aux entrepreneurs en attendant le règlement des dommages de guerre. Mais les réparations allemandes sont lentes à venir et l’Etat s’endette de plus en plus. L’inflation s’installe puis s’aggrave.

En 1925, les financiers retirent leur confiance à l’Etat et instaurent le « mur de l’argent ». Le Cabinet Poullet-Vandervelde essaie alors de stabiliser le franc mais les concours étrangers lui font défaut. En mars 1926, la devise s’effondre ; le ministre des Finances se voit obligé de contracter 25 emprunts en 2 mois de temps ! Il n’y a plus d’alternative, il faut recourir aux grands moyens : le 20 mai, un ministère de concentration nationale, dirigé par Henri Jaspar, reçoit pour mission de renflouer coûte que coûte les finances de l’Etat. Un financier d’une rare énergie, Emile Francqui sera la cheville ouvrière de l’entreprise :

  • Il crée de nouveaux impôts
  • Il institue un « Fonds d’amortissement »
  • Il crée une « Société Nationale des Chemins de Fer »
  • Puis il fait échanger d’office les bons du Trésor émis en quantité excessive contre des actions des chemins de fer.
Emile Francqui
Emile Francqui

Source : Histoire de Belgique 
en mots et en images, p. 134

La banqueroute était conjurée, la situation monétaire était garantie et le budget était remis en équilibre.

Le krach boursier de New York et ses répercussions en Belgique

Le « jeudi noir » de Wall Street ouvre une crise mondiale dont les répercussions vont toucher la Belgique à partir de 1931 :

  • A la Bourse de Bruxelles, le cours des valeurs s’effondre
  • La population retire ses capitaux en masse
  • Les banques doivent limiter les crédits
  • L’exportation décline
  • Les prix s’écroulent
  • La production industrielle régresse
  • Les usines ferment leurs portes
  • Les ouvriers perdent leur travail

Le gouvernement réagit en pratiquant une politique déflationniste en réduisant les salaires et les prix. Se heurtant à l’hostilité des travailleurs, il ne parvient pas à redresser l’économie.

En 1934, alors que 23 grandes banques sont en difficulté, un arrêté modifie profondément les structures bancaires. Désormais, une même institution ne peut plus être à la fois banque de dépôt et banque d’affaires. Ceci oblige la majorité des banques à se scinder en 2 sociétés distinctes. Cette réglementation est complétée l’année suivante par la création d’un organisme de contrôle : la Commission bancaire.

Krach boursier de 1929 Gouvernement Van Zeeland
Krach boursier de 1929 
Encyclopédie Alpha 
Gouvernement Van Zeeland  
Histoire de Belgique en mots et en images


Le pays vivote jusqu’en 1935, année où le gouvernement de Paul Van Zeeland décide de dévaluer le franc de 28 % instaurant ainsi une politique de relance. Bientôt, on observe :

  • Un rapatriement des capitaux
  • Le progrès des investissements
  • L’essor des exportations.

Le gouvernement appuie cette politique en prenant une série de mesures pour accélérer la sortie de crise :

  • Il crée des organismes publics
  • Il lance un programme de grands travaux
  • L’Exposition de Bruxelles de 1935 draine un flot de devises salvateur.

L’opération Gutt

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement devait relever un défi d’ordre monétaire

  • Il fallait neutraliser l’inflation
  • Il fallait résorber la masse monétaire mise en circulation par les Allemands qui avaient fait fonctionner leur planche à billets sans modération. En effet, la monnaie des troupes d’occupation, (les « Reichskreditkassenscheine »), n’avait plus cours en Allemagne
  • Il fallait traquer ceux que la guerre avait enrichis indûment

En octobre 1944, le gouvernement lance l’opération Gutt (nom du ministre des Finances).

  • De nouveaux billets de banque, imprimés en grand secret, sont mis sur le marché.
  • Tous les comptes à vue sont bloqués pendant un certain temps
  • Les billets de banque sont échangés contre des nouveaux à concurrence de 2.000 francs par personne
  • Le solde des avoirs doit être déclaré.

Camille Gutt Reichskreditkassenschein
Camille Gutt 
Histoire illustrée de la Belgique
Reichskreditkassenschein


En procédant de la sorte, l’Etat parvient à réduire de 2/3 la masse monétaire en circulation et à limiter la hausse des prix.

Gaston Eyskens
Gaston Eyskens

Source : Histoire illustrée 
de la Belgique, p. 187

La loi unique

Fin 1960, peu après l’indépendance du Congo, le gouvernement social-chrétien/libéral dirigé par Gaston Eyskens (CVP) doit faire face à la dégradation des finances publiques. Des milieux bancaires étrangers menacent en effet de limiter la capacité d’emprunt de la Belgique.

Début décembre, l’équipe au pouvoir dépose un « projet de loi d’expansion économique, de progrès social et de redressement financier », dit « projet de loi unique » parce qu’il rassemble dans une seule loi des sujets aussi variés que l’instauration d’un précompte mobilier, la fusion de communes, le contrôle renforcé du chômage et la restriction du régime de pension dans les services publics.

Avec ce projet de loi hétéroclite, présenté en bloc, le gouvernement espère neutraliser les oppositions de tous les milieux. Il va, au contraire, multiplier les mécontents… Les troubles sociaux dureront de la mi-décembre 60 à la mi-janvier 61.

Essor économique de la Belgique