Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

La classe ouvrière

Remontée des mineurs au 19e siècle
Remontée des mineurs

Source : La Belgique, sociétés et cultures depuis 150 ans, p. 58

Les conditions d’existence matérielle de la classe ouvrière étaient épouvantables : elle était très atteinte par les progrès du machinisme, exploitée à l’extrême et misérable. En l’absence de toute protection sociale, ceux que l’on désignait maintenant du nom de prolétaires devaient baisser l’échine …

  • La main d’œuvre de la grande industrie comprenait des hommes, des femmes et des enfants
  • Les journées de travail étaient généralement de 12 à 14 heures, y compris pour les enfants en bas âge mis au travail pour accroître les revenus familiaux insuffisants pour survivre sans ces petits salaires d’appoint.
Enfants hercheurs
Enfants hercheurs vers 1914

Source : La Wallonie, 
son histoire, p. 213

Voici, à titre d’exemple, le nombre d’enfants travaillant dans les charbonnages en 1874 :

 

 

Travail en surface

Travail au fond de la mine

Age

Garçons

Filles

Garçons

Filles

10 à 11 ans

147

122

295

116

11 à 12 ans

262

227

930

382

12 à 13 ans

352

356

1.682

683

13 à 14 ans

496

464

2.167

863

14 à 15 ans

647

588

2.908

1.057

Total

1.904

1.757

7.992

3.101

 

  • Les ouvriers étaient complètement à la merci de leurs employeurs qui, en raison de l’abondance de la main-d’œuvre, maintenaient les salaires à leur niveau le plus bas
  • Une législation sur l’utilisation obligatoire du livret de travail permettait le contrôle du comportement social de la masse ouvrière car sa consultation permettait à un employeur d’identifier les individus les plus hostiles au système.

Le patron indiquait dans ce livret :

Livret de travail
Livret de travail

Source : Histoire de Belgique 
en mots et en images, p. 65

  • Les dates d’entrée et de sortie
  • Le motif du départ
  • Les appréciations portées sur le comportement de l’ouvrier.

Si l’employeur refusait de signer le livret de l’ouvrier désireux de le quitter, cet ouvrier n’avait plus aucune chance de se faire embaucher et devenait un vagabond.

  • Le patronat instaura le truck-system : il ne payait qu’une partie du salaire de l’ouvrier en argent ; pour le reste, ce dernier recevait des bons avec lesquels il devait obligatoirement s’approvisionner dans les boutiques rattachées à l’usine.

Les revenus insuffisants du travail se reflétaient dans la qualité de la vie familiale :

  • L’alimentation était essentiellement constituée de pain noir et de pommes de terre. L’ouvrier ne pouvait jamais se permettre d’agrémenter son repas de viande, de fruits, de fromage ou de légumes. Le sucre constituait une friandise tout à fait exceptionnelle pour les enfants. En guise de boisson, on ne trouvait sur la table que de l’eau ou du café très léger.

Un tel régime alimentaire, insuffisant à la fois par la quantité et par la qualité des aliments qui le composaient, ne permettait pas de compenser les pertes d’énergie provoquées par un travail long et pénible. L’ouvrier malade ne pouvait que très difficilement retrouver des forces.

  • L’habillement se limitait strictement à l’indispensable. Il semblerait même qu’il n’existait aucune variété entre vêtements de jour et de nuit. Et le dimanche, on portait ce qu’on avait porté en semaine.
  • Le logement était très exigu. Bien souvent, des familles de plus de 5 personnes ne disposaient que d’une seule chambre mal éclairée et mal aérée.

L’objectivité requiert toutefois d’épingler l’initiative sociale prise par quelques grandes entreprises industrielles, houillères ou sidérurgiques. Elles se préoccupèrent des conditions de vie de leur personnel ouvrier et lui fournirent notamment des logements décents et certains avantages sociaux internes. Cette générosité n’était pas tout à fait désintéressée puisqu’elle leur permettait de garder la mainmise sur un personnel redevable.

  • L’alcoolisme était le refuge des ouvriers qui pratiquaient les besognes les plus dures et qui y trouvaient l’illusion d’un monde moins cruel que celui où ils vivaient. Certains ouvriers y consacraient près du quart de leur maigre salaire.

Ouvriers buveurs Maisons ouvrières
Buveurs  
Un passé pour 10 millions de Belges, p. 58
Maisons ouvrières  
Histoire de Belgique en mots et en images, p. 66


Longtemps, le prolétariat avait paru résigné à son sort : l’analphabétisme paralysait tout effort d’émancipation et les grèves étaient interdites. Les milieux bourgeois ne restaient pas indifférents à cet état de choses, mais ils n’y voyaient d’autre remède que la vie à bon marché et la pratique de la charité.

La condition ouvrière n’avait cependant pas laissé le gouvernement complètement indifférent. Une enquête réalisée en 1842-1843 attira l’attention des dirigeants sur la nécessité de réglementer le travail des femmes et des enfants. Elle n’eut pas le succès escompté !

Il fallut attendre 1846 et le premier Congrès libéral pour qu’une « réforme en faveur des classes ouvrières et indigentes » soit envisagée. En 1851, une loi sur les sociétés mutualistes fut votée mais la réglementation du travail ainsi que la réglementation instaurant les rapports entre patrons et ouvriers rencontra systématiquement l’opposition des milieux industriels et politiques fermement attachés au principe de non-ingérence en ces matières.

Ce ne sera qu’en 1866 que l’on supprima l’interdiction des rassemblements ouvriers.

Evolution sociale de la Belgique