Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Les ambitions de Napoléon III

Napoléon III
Napoléon III

Source : Wikipedia

Dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851, le prince Louis-Napoléon Bonaparte, Président de la République française depuis le 10 décembre 1848, exécuta un coup d’Etat qui lui conféra un pouvoir dictatorial. Un an après, jour pour jour, il se proclamait Empereur des Français.

Léopold II et Marie-Henriette
Le futur Léopold II 
et Marie-Henriette

Ses projets manquaient de précision et se modifiaient souvent, mais ils étaient toujours menaçants pour l’indépendance de la Belgique. La tâche de Léopold 1er était particulièrement délicate car ce qui était « défensif pour la Belgique » devenait « offensif pour la France » ! Aussi le roi employa-t-il toute son habileté diplomatique à maintenir, en manière de contrepoids, l’entente entre les Puissances du Nord et de l’Est, ainsi qu’à conserver la bienveillance de l’Angleterre à l’égard de la Belgique.

Les susceptibilités de Napoléon III compliquaient encore la situation : le mariage du futur Léopold II avec l’archiduchesse Marie-Henriette d’Autriche, le 22 août 1853, fut considéré par l’empereur comme un défi !

Napoléon III se montra aussi très irrité de l’asile qu’avaient reçu en Belgique les « proscrits du 2 Décembre ». Lorsque les publicistes français et un certain nombre de journalistes belges se mirent à l’insulter ainsi que l’impératrice Eugénie il voulut imposer à la Belgique une réforme constitutionnelle concernant le régime de la presse :

  • Dépôt de caution préalable à la fondation d’un journal
  • Censure des imprimés
  • Suppression du jury pour les délits de presse.

Le ministre Henri de Brouckère fit voter le 20 décembre 1852 une loi frappant de peines sévères les offenses envers les souverains étrangers. Mais là s’arrêtèrent les concessions. Lorsque la France renouvela sa demande de faire supprimer la liberté de la presse en Belgique, le comte Charles Vilain XIIII, ministre des Affaires Etrangères, répondit à cette exigence par un catégorique « Jamais ». Une loi du 12 mars 1858 compléta la loi de 1852 : en cas d’articles outrageants pour les souverains étrangers, la justice poursuivrait les délinquants d’office, sans attendre de plainte.

Henri de Brouckère Charles Vilain XIIII
Henri de Brouckère  
 Wikipedia
Charles Vilain XIIII  
Wikipedia

Renforcement des moyens de défense

Les attitudes menaçantes du Second Empire amenèrent les parlementaires à voter une nouvelle loi organique portant, en 1853, le chiffre de l’armée sur pied de guerre à 100.000 hommes. Il fallait se méfier d’une neutralité simplement garantie par traité car, comme l’estimait à juste titre le Roi, la Belgique était le pays le plus exposé de la terre et le jouet de tout le monde sans bons moyens de défense.

Par ailleurs, depuis 1847, un projet avait été développé remplaçant les cordons de forteresses par un vaste camp retranché à Anvers adopté sous le nom de Grande Enceinte en 1859. Elle était à la fois :

  • Un réduit national où le gouvernement et la famille royale pourraient trouver un abri
  • Un camp retranché où l’armée pourrait se défendre longtemps contre un ennemi supérieur en nombre.

Anvers devint la première place forte du monde.

Cordon de forteresses autour d'Anvers
Cordon de forteresses autour d’Anvers

Source : Wikipedia

Napoléon III veut des compensations

La montée en puissance de la Prusse de Bismarck pousse Napoléon III à s’engager dans une politique de compensations dont la Belgique pourrait faire les frais. L’empereur des Français avait conçu d’acquérir :

  • Soit la rive gauche du Rhin
  • Soit la Belgique.

Des rumeurs inquiétantes commençaient à courir.

La crise de 1870

La reine Victoria avait espéré que la Belgique deviendrait un lien réciproque entre la France et l’Angleterre. L’attitude de Napoléon III montra clairement qu’il n’en serait rien. En juillet 1870, la Grande-Bretagne proposa à chacun des belligérants un pacte temporaire d’alliance, dirigé contre celui des deux qui attenterait à la neutralité belge. La Prusse et la France adhérèrent à ces propositions.

Entre-temps, le gouvernement belge mobilisait en toute hâte 83.000 hommes et chargeait le général Chazal d’observer les opérations des belligérants à la frontière belgo-française. De son côté, Léopold II insista pour qu’aucune instruction politique ne parte des Affaires Etrangères sans lui avoir été communiquée.

L'infanterie belge à la frontière en 1870
L’infanterie belge à la frontière en 1870

Source : Histoire de la Belgique et de son expansion coloniale, p. 503

L’effondrement de la France à Sedan et la rapide victoire prussienne écartèrent tout danger immédiat.

Politique étrangère de la Belgique