Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Les bienfaits du régime hollandais


En créant le royaume des Pays-Bas, les Puissances avaient sincèrement voulu faire œuvre utile. Le nouvel Etat formait un ensemble de 17 provinces dont la plupart étaient riches et prospères. Le Nord pouvait s’agencer parfaitement au Sud :

Les Pays-Bas de 1815
Les Pays-Bas de 1815

La Belgique apportait :

  • Ses terres fertiles et une agriculture avancée
  • Ses richesses minières considérables
  • Son industrie
  • Sa main-d’œuvre de qualité

La Hollande, de son côté possédait

  • De nombreux ports
  • Une marine puissante
  • D’importantes colonies appelées à un grand avenir
  • Des relations commerciales solidement établies

Bref, la Belgique produisait et la Hollande exportait !

Homme d’affaires avisé, Guillaume 1er était sincèrement désireux de favoriser l’économie de ses nouvelles provinces belges.

Favoriser le commerce !

Guillaume 1er fit réaliser de grands travaux d’infrastructure pour établir des communications faciles entre les centres industriels importants :

  • Canal de Pommeroeul à Antoing
  • Achèvement du canal de Gand à Terneuzen qui fait de Gand un port de mer
  • Canalisation de la Sambre
  • Canal de Bruxelles à Charleroi
  • Construction de 800 km de routes

Le commerce extérieur, quant à lui, fut stimulé par la fondation, en 1824, d’une Société de Commerce. Son but principal était d’ouvrir le marché des Indes aux produits nationaux et d’en éliminer la concurrence anglaise.

  • Ostende, Nieuport et Anvers prospérèrent.
  • Les exportations de bétail, de denrées coloniales, de produits agricoles, manufacturés et fabriqués suivirent une progression constante.

Et surtout, ne pas oublier l’industrie !

Dans le domaine industriel, Guillaume 1er pratiqua un Colbertisme modéré :

  • L’initiative privée fut encouragée par des primes, des subsides, des secours aux ouvriers en cas de chômage involontaire
  • D’une manière générale, le roi ne s’intéressait qu’aux nouvelles entreprises. Il laissa péricliter la métallurgie au bois, la faïencerie et d’autres petites industries aux techniques surannées
  • En 1822, il fonda la  « Société Générale pour favoriser l’Industrie nationale », banque de dépôts, d’escompte, d’émission et d’affaires. Par cette création, il fut le fondateur du crédit à l’industrie. Agissant comme caissier de l’Etat, la banque soutint par des avances pécuniaires toutes les grandes entreprises privées ou les travaux d’utilité publique.
Atelier textile
Atelier textile

Source : Quand la Belgique était hollandaise, p. 93

L’industrie textile

  • L’industrie linière occupait près de 400.000 ouvriers et ouvrières lesquels pratiquaient encore le filage à la main, à domicile, dans les petites villes et les villages de Flandre
  • L’industrie cotonnière n’avait pas cessé d’obéir à l’impulsion que lui avait donnée Liévin Bauwens. En 1830, les usines de tissage mécanique de Gand possédaient 283.000 broches ! Les établissements d’imprimerie sur coton eurent un développement parallèle. L’industrie gantoise pourvoyait aux besoins des provinces du Nord et des colonies de l’Insulinde.
  • A l’autre extrémité du pays, l’industrie drapière verviétoise poursuivait, elle aussi, ses progrès.

L’industrie extractive

Le rendement de l’industrie extractive fut multiplié par l’emploi dans les houillères :

  • de la machine de Newcomen destinée à pomper l’eau dans les mines profondes
  • de la lampe de sûreté de Davy, munie d’un grillage fin empêchant les gaz et les poussières de s’enflammer
  • de wagonnets sur rails

Dans le pays de liège, le bassin de Charleroi et le Borinage, les charbonnages :

  • Occupaient 30.000 ouvriers
  • Extrayaient annuellement 2.500.000 tonnes de gros charbon et de gaillettes.

Machine de Newcomen Lampe de Davy Descente dans la mine
Machine de Newcomen  Lampe de sûreté Davy  
Source : Wikipedia
Descente dans la mine 
Quand la Belgique était hollandaise

Peu avant 1830

  • 19 nouvelles concessions houillères étaient octroyées dans le Namurois
  • 14 nouvelles dans le Hainaut

Les charbonnages alimentèrent en combustible l’industrie métallurgique.

L’industrie métallurgique

La sidérurgie était en plein essor avec les usines de Seraing, fondées par John Cockerill, pour construire des machines à vapeur et y établir le premier four à coke du continent. Par la suite, un haut-fourneau à coke, une fonderie et une fabrique de fer compléteront les usines de Seraing. D’autres hauts-fourneaux au coke s’établiront également à Thuin et à Couillet.

Vers la fin du règne de Guillaume 1er, l’industrie belge employait déjà 185 machines à vapeur à haute pression. Forges, laminoirs, fours à puddler, hauts-fourneaux perfectionnés élevèrent l’industrie métallurgique belge à un rang remarquable. Elle occupait, à l’époque, quelque 2.500 ouvriers.

Cockerill et Guillaume 1er Atelier de 1830
Cockerill et Guillaume 1er  
Source : Repères en histoire de Belgique, p. 28
Un atelier de 1830  
Source : Quand la Belgique était hollandaise, p. 85

La cristallerie

En 1826, la cristallerie vint s’installer au Val-Saint-Lambert près de Seraing. Elle prend le statut de société anonyme et Guillaume 1er en fut même l’un des actionnaires.

Ecole villageoise
Ecole villageoise

Source : La Belgique. Histoire et culture, p. 149

Progrès sociaux et intellectuels

Ce fut sous le régime hollandais que la société belge commença à bénéficier pleinement des progrès acquis par la Révolution française.

Sur les 241.000 illettrés que comptait le royaume, 228.000 habitaient les campagnes belges. C’est dire qu’il était urgent de prendre des mesures contre l’analphabétisme ! Guillaume 1er considérait que l’Etat seul devait diriger et surveiller l’enseignement. Il institua une organisation scolaire modèle :

  • L’enseignement primaire, devint neutre, gratuit et obligatoire. Il fut donné par des instituteurs diplômés, sous le contrôle de l’Etat. En 15 ans, le gouvernement fonda près de 1.500 nouvelles écoles et 300.000 élèves fréquentèrent les 4.000 écoles du pays.
  • L’enseignement moyen officiel fut donné dans les athénées. 7 nouveaux établissements furent créés en 1816.
  • En 1816 également, l’Etat ouvrit en Belgique 3 universités : à Louvain, à Liège et à Gand. Il fit appel à des professeurs hollandais ou allemands. La même année, le roi rétablit l’Académie des Sciences et des belles Lettres de Bruxelles, supprimée en son temps par les Français.
Tot nut van 't algemeen
Tot Nut van ‘t Algemeen (Amsterdam)

Source : Wikipedia

Mais si le développement du capitalisme libéral et du machinisme enrichissaient la bourgeoisie, ils rendaient la classe ouvrière de plus en plus vulnérable à cause :

  • Des bas salaires
  • Des journées de travail de 12 à 14 heures
  • De l’exploitation des enfants dès l’âge de 5 ans
  • L’absence de protection sociale

Une Société d’Utilité Publique, Tot Nut van ‘t Algemeen, créée dans les Provinces-Unies en 1743, fonda plusieurs départements dans le pays flamand. Elle créa notamment :

  • Des caisses de secours mutuels
  • Des cours dominicaux
  • Des bibliothèques populaires
  • Organisa des conférences

Son œuvre fut cependant contrariée par le clergé qui redoutait une certaine « protestantisation » des campagnes.

Régime hollandais