Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Evolution économique sous l'occupation romaine


La paix relative, le développement de nombreuses voies de communication et l’appartenance à un vaste empire favorisèrent le développement économique de la Belgique y compris l’exportation de produits particulièrement appréciés en dehors de ses frontières.

L’agriculture reste l’activité principale des Gallo-Romains

Moissonneuse des Trévires
Reconstitution de la moissonneuse des Trévires

Les défrichements, la culture des champs de céréales, les progrès de l’élevage, la multiplication des vergers amenèrent une grande prospérité. Toutefois, la zone fertile ne dépassa pas le nord du Hainaut, le Brabant Wallon et la Hesbaye actuels car :

  • Le nord de la Belgique était sablonneux et marécageux
  • L’ouest était souvent inondé par la mer
  • Dans le sud-est la population était trop clairsemée

La technique gauloise était supérieure à celle des Romains et grâce à une charrue et à une moissonneuse assez perfectionnées pour l’époque, les Gallo-Romains ont été à mêmes de mettre leurs terres suffisamment en valeur pour récolter des produits de qualité qu’ils ont pu écouler sans peine sur les différents marchés de l’Empire.

En ce qui concerne l’élevage, nos ancêtres exportaient des chevaux, des moutons et des porcs ainsi que des salaisons renommées jusqu’à Rome !

Les Morins étaient passés maîtres dans la culture du lin et l’élevage de moutons. Ils tissaient eux-mêmes la toile et filaient la laine. Les Atrébates, les Nerviens et les Trévires les transformaient en draps et en manteaux à capuchon dont la mode s’imposa jusqu’en Orient.

Des salines sont établies le long du littoral car on fait une grosse consommation de sel pour conserver les jambons et d’autres victuailles qui, dans de lourdes péniches ou empaquetés sur de longs chariots bâchés gagnent le Sud et seront vendus à Lyon comme à Rome.

Les artisans s’activent

Poterie gallo-romaine
Poterie gallo-romaine

Source : Histoire illustrée 
de la Belgique, p. 16

La poterie se développe et les potiers utilisent désormais un poinçon de fer portant leurs initiales ou leur marque de fabrique ; ils en gravaient toutes les amphores, les plats, les cruches et les terrines sortant de leurs fours.

Les artisans produisent en abondance des objets d’art appliqué d’une technique raffinée :

  • Bracelets et fibules émaillées
  • Figurines de faïence
  • Vases en verre teinté et coulé en relief

Et une industrie commence à se développer

De nombreuses activités industrielles voient le jour et ne tardent pas à prospérer, notamment dans le domaine de la sidérurgie.

Avant la conquête, les fondeurs belges réduisaient le fer dans de petits fourneaux creusés dans l’argile, chauffés au bois, et dont la flamme était simplement entretenue par le vent. L’arrivée des Romains va perfectionner le procédé :

  • Le bois est remplacé par du charbon de bois
  • Les fourneaux comprennent maintenant un massif en maçonnerie et une cavité conique
  • Pour activer la flamme, on utilise des soufflets au lieu de s’en remettre au vent

Ce progrès permit de créer de véritables petites usines occupant plusieurs ouvriers. Les ressources en minerai de fer intensifièrent la fabrication d’outils, d’ustensiles, de clous et d’armes. La région de Namur était renommée pour ses activités sidérurgiques les plus développées du monde romain et à Dinant on s’était spécialisé dans l’industrie du laiton.

Dans la région d’Anvers, la population s’activait à produire des tuiles et des dalles en série.

Enfin, le bois des forêts belges ainsi que l’exploitation du schiste, du grès et du marbre ont contribué de manière significative aux travaux de construction en plein essor.

Quid du transport des marchandises ?

Transport routier
Le transport routier

Source : Nos Gloires – J-L Huens

Les Belges étaient d’excellents marins et de bons constructeurs de bateaux. Aussi transportaient-ils une partie de leurs produits naturels ou manufacturés à bord de péniches et de navires. Le reste était acheminé par la route, sur des chariots bâchés ou sur le bât des mules.

La charge utile par véhicule était toutefois limitée à 500 kg. Il faut savoir, en effet, qu’à l’époque, les harnachements des chevaux de trait entre les brancards étaient très simples et ne comprenaient qu’une bande de cuir qui comprimait la trachée-artère des animaux. Une charge plus importante les aurait étouffés.

Et, pour que tout se passe sans soucis majeurs, les entrepreneurs de transport recommandaient leurs personnes et leurs marchandises aux divinités tutélaires avant le départ ...

Le commerce international

Les chaussées contribuèrent de manière significative au développement international du négoce. Il se faisait par chariots légers ou par batellerie le long du Rhin et de la Meuse. En empruntant la Saône et le Rhône il était possible d’acheminer des marchandises jusqu’en Provence :

  • Les Atrébates vendaient les saies en serge fine
  • Les Ménapiens vendaient des jambons, des oies fumées, des pains de savon en graisse de chèvre
  • Les Morins vendaient des toiles de lin, du sel et des gréements de navires
  • Les Trévires exportaient des chevaux
  • Les Nerviens, forgerons et fondeurs spécialisés, exportaient de la vaisselle en bronze.

L’importation n’était pas à négliger pour autant : marchands italiens et syriens approvisionnaient le marché belge d’huile, de vin, de meubles et d’objets d’arts pour les villae.

Denier romain en argent
Denier romain en argent

Source : Histoire illustrée 
de la Belgique, p. 17

Et pour payer ?

Avec la domination romaine, les monnaies gauloises locales disparurent peu à peu et furent remplacées par la monnaie de Rome. Les symboles gaulois cédèrent le pas aux effigies des empereurs et aux vertus divinisées reléguées au revers des pièces en or ou en bronze.

Pour la petite histoire, on a retrouvé dans la région de Virton des moules servant à la fabrication de fausses monnaies …

Un acteur indispensable : le réseau routier

L’établissement d’un réseau routier et d’un cadastre à la romaine joua un rôle essentiel dans le développement du pays :

  • Il facilita le déplacement des marchands et des armées
  • Il accéléra l’urbanisation du pays
  • Il permit d’instaurer un service de courrier rapide destiné à transmettre les ordres et les nouvelles à travers l’empire.

Avec méthode et à grand renfort de corvées imposées aux légionnaires, les romains consolidèrent les anciennes voies celtiques et en firent des chaussées construites sur de solides caissons de silex ou de scories. Dans les Fagnes, les routes étaient parfois disposées sur pilotis.

Pour le confort des voyageurs, on veilla à aménager les routes :

  • Les voies romaines étaient jalonnées de bornes milliaires   hautes de 2 à 4 mètres. Elles étaient destinées à fournir des indications aux voyageurs, notamment :
    • Le nom de l’empereur qui avait fait construire la voie
    • La distance jusqu’à la prochaine étape ainsi que les distances jusqu’aux villes importantes
  • Des gués et les ponts permettaient de franchir les cours d’eau
  • Des relais et des auberges étaient prévus pour changer de monture ou pour se restaurer et passer la nuit.

Voie romaine

Borne milliaire

Schéma d’une voie romaine

Borne milliaire

Le réseau routier comprenait 3 types de routes :

  • Les chaussées publiques (viae publicae) : ce sont les grandes voies reliant les grandes cités entre elles. Leur largeur moyenne se situe entre 6 et 12 mètres
  • Les chaussées vicinales (viae vicinales) : elles s’embranchent à partir des chaussées publiques et permettent de relier les « vici ». Leur largeur moyenne est de 4 mètres
  • Les chaussées privées (viae privatae) : elles reliaient les villae aux chaussées publiques ou vicinales. Leur largeur moyenne est comprise entre 2,50 et 4 mètres.

Voilà pour la théorie ! Voyons maintenant comment cela s’est concrétisé en Belgique.

Les chaussées romaines
Les chaussées romaines

Source : La Belgique, histoire et culture, p. 10

Deux chaussées principales partaient de Reims :

  • L’une rejoignait Trèves (Colonia Augusta Treverorum) en passant par Arlon (Orolaunum)
  • L’autre se dirigeait droit au Nord vers Bavay (Bagacum), centre par excellence du système stratégique routier. De Bavay, une artère d’importance vitale, la Via Agrippa, passait par Tongres (Civitas Tungrorum), Maastricht (Trajectum ad Mosam), Juliers (Juliacum) et Cologne (Colonia Agrippina).

Ce réseau fut complété par des voies transversales :

  • Tournai – Cassel
  • Tongres – Asse
  • Namur – Perwez
  • Arlon – Tongres
  • Etc.
La Romanisation