Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Les privilèges – Les chartes


Pour la population qui vit du commerce et de l’artisanat, il devient impérieux d’acquérir plus de liberté. Les marchands et les ouvriers ne peuvent en effet assurer leur activité et l’étendre en restant soumis aux droits féodaux qui pèsent sur les gens de la campagne. Ils ont besoin d’être libres et de circuler le long des fleuves et des routes, de posséder des barques, des chariots, des chevaux et des stocks de marchandises. Maintenir sur eux le droit de mainmorte et les corvées aurait entravé l’exercice de leur profession. Aussi la gilde se met-elle à revendiquer des privilèges, c’est-à-dire des avantages exceptionnels qui permettront le développement de ses activités.

Privilèges
Privilèges consignés sur un parchemin

Source : Bruxelles, où est le temps

Certains seigneurs accordent volontiers ces privilèges car ils tirent de nombreux profits des marchands. Mais parfois c’est à la suite de conflits sanglants que ces libertés sont arrachées.

Dans la plupart des villes, ces nouveaux droits sont écrits sur un parchemin auquel est suspendu un sceau authentifiant la signature du seigneur : c’est une charte qui sera consciencieusement gardée par la gilde dans un coffre à plusieurs serrures, lui-même caché dans une chambre secrète du beffroi. Les successeurs du seigneur devront, à leur avènement, confirmer les privilèges accordés à la commune.

Les bourgs qui ont reçu des chartes sont appelés « communes » parce que tous ceux qui y demeurent possèdent en commun des privilèges. Leurs habitants portent le nom de bourgeois ou de communiers.

Bien que les chartes soient différentes d’une commune à l’autre, on y retrouve des dispositions identiques. En voici les principales :

  • Pour diriger la commune, le prince nomme des échevins  choisis dans la gilde. Ceux-ci :
    • Etablissent les impôts
    • Ordonnent les dépenses
    • Edictent les règlements de police.
    • Ils forment aussi le tribunal qui seul peut juger les communiers.
  • Pour faire respecter ses droits dans la commune, le seigneur y délègue un représentant qui préside le conseil des échevins et contrôle toute l’administration. Il est appelé :
    • bailli en Flandre
    • amman à Bruxelles
    • maïeur » à Liège
  • Le bourgeois est libre :
    • Il n’est pas attaché à la glèbe
    • Il n’est pas soumis aux droits du seigneur
    • Il n’est pas astreint aux corvées
  • Le bourgeois a le droit de propriété :
    • Il peut posséder ses biens
    • Il peut les vendre ou les laisser en héritage à ses enfants.
    • Le produit de son travail lui appartient.
  • Le domicile est inviolable. A liège, « pauvre homme en sa maison est roi » !

Grâce à ces libertés, la commune peut s’entourer de fortifications, bien nécessaires pour se protéger pendant les guerres. Certaines grandes villes font de plus construire un beffroi, sorte de donjon qui sert de tour au guetteur et dont la cloche, le tocsin, sonne le commencement et la fin du travail ainsi que l’annonce d’un danger. C’est là que sont gardées les chartes dans de grands coffres bardés de fer.

Fortifications de la ville Beffroi Tocsin
Fortifications Beffroi Tocsin

Source : Nos Gloires, J-L Huens


A côté du beffroi se dresse l’hôtel de ville où se réunissent le bailli et les échevins.

Sur la grand-place se tient un marché que fréquentent les villageois de plusieurs lieues à la ronde. Parfois des foires y sont organisées pour attirer les marchands étrangers.

Les monuments les plus représentatifs de l’importance du commerce et de l’industrie sont les halles où les marchands exposent leurs produits. Les règlements exigent souvent que là seulement s’effectue l’achat et la vente de draps et des matières premières.

Foire médiévale Halles
Une foire 
Source : Nos Gloires, J-L Huens
Les halles 
Source : Nos Gloires, J-L Huens


Comme autre signe de leur indépendance, les communes possédaient :

  • Un sceau pour légaliser leurs actes
  • Une caisse communale où était gardé le trésor public
  • Une bannière qui guidait les bourgeois aux fêtes et aux combats

Mais la commune n’a pas seulement des droits. La charte lui impose également des devoirs à l’égard du prince, à peu près comme ceux d’un vassal à l’égard de son suzerain. Elle doit lui procurer

  • Des ressources en argent
  • Des combattants pour la défense du territoire.

Cette dernière obligation répondait à des conditions défensives déterminées, pour un temps restreint et concernaient un nombre délimité de milices.

Sceau de Bruxelles en 1334 Milice communale
Sceau de Bruxelles (1334) 
Source : Bruxelles, où est le temps, p. 10
Milice et bannière 
Source : Nos Gloires, J-L Huens

Quelques chartes célèbres

  • La plus ancienne : celle que le prince-évêque de Liège accorda aux Hutois en 1066
  • La charte d’Albert Cuyck aux Liégeois en 1196
  • La paix de Fexhe de 1316
  • La Joyeuse Entrée de 1356

Quid des campagnes ?

Les paysans, eux aussi, s’unissent en associations de secours mutuel. L’ancienne communauté domaniale, soumise au seigneur ou à l’abbaye, est remplacée par le village avec son maire et ses échevins.

Pour enrayer l’exode des campagnards vers les villes, les dynastes octroient aux villages d’avantageuses chartes rurales (exemple : la loi de Beaumont qui apporte une amélioration notable dans la condition des personnes).

Essor des villes au Moyen âge