Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

La société féodale


Le régime féodal se propagea avec une extrême rapidité au 9e siècle. Les grands propriétaires fonciers qui tenaient leur bénéfice directement du roi ou qui s’étaient affranchis de leur propre autorité, commencèrent à distribuer, à leur tour, sous forme de fiefs, leurs campagnes en friche, leurs forêts ou autres landes. Ils conservèrent pour leur subsistance leurs domaines propres.

La société féodale était organisée autour d’un schéma social et politique qui établissait des liens de fidélité, de service et de protection entre 2 personnes : le suzerain octroyait un fief à son vassal lors de la cérémonie de l’hommage.

La société féodale était divisée en 3 ordres :

  1. Ceux qui combattent : les chevaliers
  2. Ceux qui prient : les gens d’Eglise
  3. Ceux qui travaillent : les paysans

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Ceux qui combattent

Chevalier
Chevalier 

Source : Le Moyen âge, cycle 3

Au moyen-âge la guerre est continuelle et elle finit par devenir une affaire de spécialistes. Seuls les seigneurs sont assez riches pour devenir chevaliers et payer les frais inhérents à leur titre.

L’apprentissage commence dès le plus jeune âge et s’étend sur plusieurs années :

  • Dès l’âge de 7 ans, le futur chevalier quitte sa famille afin d’être élevé par un autre seigneur
  • Vers 9 ans, il apprend à monter à cheval et à manier les armes
  • A 12 ans, il devient page, puis écuyer
  • Vers 18 ans, il est armé chevalier lors de la cérémonie de l’adoubement. Il jure sur les livres saints de défendre les faibles et de toujours servir Dieu. A cette occasion, le suzerain lui remet une épée et, à partir de ce moment, le futur seigneur peut accompagner son père ou son suzerain aux tournois et à la guerre.

La seigneurie

Le maître domanial dont l’autorité s’était renforcée est devenu un seigneur ; la terre qu’il contrôle s’appellera dorénavant seigneurie.

Les domaines appartenant à l’Eglise seront également organisés en seigneuries. A côté des seigneurs laïcs, nous trouverons donc des seigneurs ecclésiastiques : évêques ou abbés.

L’étendue d’une seigneurie est variable. Généralement, elle est divisée en 2 parties :

Seigneurie Manse
Seigneurie Manse

 

  • La première constitue la réserve. Elle contient de nombreux éléments : l’eau, le bois, les meilleurs terres de culture, les vergers, les prairies, les engins seigneuriaux (moulin, four, pressoir soumis à la banalité), la maison du seigneur, les bâtiments d’exploitation agricole qui en dépendent et l’église domaniale. 
    Cette réserve est gérée en « faire valoir direct », c’est-à-dire que toute la production est réservée à l’usage exclusif du propriétaire.
  • L’autre partie est partagée en champs plus petits : ce sont les tenures paysannes qu’on appelait primitivement « manses ». Le manse aurait été, à l’origine, l’étendue de terre nécessaire à la subsistance d’une famille paysanne. Son étendue est variable, mais dans nos régions il est souvent de 12 bonniers, soit une quinzaine d’hectares. Les manses ne sont pas nécessairement d’un seul tenant ; ils peuvent être formés de terres éparpillées dans la seigneurie : ici un champ, là un pré, là encore une parcelle de vignoble. 
    Les tenures sont exploitées en « faire valoir indirect », c’est-à-dire qu’elles sont louées au paysan ; le propriétaire ne reçoit qu’une partie du produit de cette terre sous forme de « loyer », le reste va aux paysans. Nous verrons plus loin dans quelles conditions s’effectue le partage …

seigneurie

Ceux qui prient

Au moyen-âge, l’Eglise chrétienne joue un rôle important :

  • Elle possède des terres et reçoit des impôts. Elle se trouve donc à la tête de plusieurs seigneuries ecclésiastiques
  • Elle fonde des hôpitaux pour les malades et les plus pauvres

Le clergé est réparti en 2 classes :

  • Le clergé séculier : il est composé de religieux qui vivent « dans le siècle » parmi les fidèles. Ce sont, notamment, les prêtres et les évêques.
  • Le clergé régulier : il est composé des différents ordres religieux de moines qui suivent des règles de vie très strictes. Ils se consacrent à la prière, à l’étude et au travail.

Clergé séculier Clergé régulier
Le clergé séculier Le clergé régulier 
Source : Le Moyen âge, cycle 3, p. 41 

 

Ceux qui travaillent la terre

Les paysans représentent la majorité de la population. Parmi eux, rares sont les alleutiers qui cultivent leur propre terre. La plupart des paysans vivent dans une seigneurie et dépendent d’un seigneur. Ils se répartissent en 2 classes :

  • Les vilains
  • Les serfs.

Les vilains (= habitants de la « villa »)

Cette catégorie de paysans, que l’on nomme également manants, tenanciers ou censiers, regroupe des cultivateurs libres qui se sont mis sous la protection d’un seigneur qui était tenu de les défendre en temps de guerre et de leur donner asile derrière les murs de son château. D’autre part, le seigneur ne pouvait pas les dépouiller de leur tenure ni en frustrer leurs enfants.

Vilain
Vilain  

Les vilains supportaient les charges suivantes :

  • Ils devaient porter, moyennant une taxe, leur farine et leur pain au moulin et au four du seigneur : c’étaient les banalités
  • Ils étaient soumis au droit de justice. Le seigneur possédait parfois les 3 justices :
    • Haute justice ou droit de punir de peine de mort
    • Moyenne justice : exposition au pilori, peines corporelles, emprisonnement
    • Basse justice : amendes
  • Payer, généralement en nature, un cens pour la jouissance de la ferme et de ses dépendances
  • Payer la taille
  • Payer le champart (impôt en nature prélevé sur la récolte)
  • Payer la dîme à l’Eglise
  • Fournir au seigneur des prestations en travail périodiques : les corvées (culture du sol, réparation de routes, transport de charroi en temps de guerre, …)
  • Souffrir les dommages causés aux cultures par les meutes du seigneur, par ses pigeons et ses lapins (droit de chasse, de colombier, de garenne)

Ces droits seigneuriaux accablaient les vilains. Néanmoins, ils jouissaient tout de même de quelques avantages :

  • Leurs obligations étaient limitées.
  • Ils disposaient en général librement de leur personne : ils bénéficiaient du droit de déguerpir
  • Ils disposaient de leur héritage mobilier
  • Leurs redevances avaient un caractère fixe.

Les serfs

Serfs
Serfs 

Source : Nos Gloires, J-L Huens

En-dessous des vilains figurait la classe des fermiers de condition inférieure, probablement issue des populations autrefois vaincues par les Francs et des descendants des esclaves. Les serfs avaient les obligations suivantes :

  • Ils ne pouvaient quitter le domaine et s’établir ailleurs. On disait qu’ils étaient « attachés à la glèbe ». Ils étaient vendus en même temps que la propriété à laquelle ils appartenaient. S’ils quittaient la terre, le seigneur pouvait les y ramener de force en vertu du « droit de suite » (poursuite).
  • Ils devaient des corvées qui duraient, selon les besoins, 2 ou 3 jours par semaine : construction, réparation du château et de l’enceinte, curage des fossés, coupe de bois de chauffage et, bien sûr, labourage et récolte.
  • Ils devaient au seigneur un cens, payable en nature : poulets, oies, œufs, beurre, blé, etc.
  • Lorsque la monnaie était à nouveau en circulation, les serfs étaient redevables de la taille, impôt à payer en argent
  • Leurs charges dépendaient du caprice du seigneur. Ils étaient taillables et corvéables à merci
  • Le droit de mainmorte les privait de la faculté de disposer de leurs biens mobiliers (bétail, meubles, argent). Ce droit excessif fut, au 13e siècle, transformé en celui de « meilleur catel » ou droit de saisir le meilleur objet de la succession.
  • Ils payaient un impôt spécial, par tête : la capitation.
  • Une femme serve ne pouvait se marier avec un étranger au fief sans le consentement de son seigneur : c’était le droit de formariage
  • Enfin, le seigneur se réservait le droit de chasse et punissait cruellement celui qui osait braconner.
  • Tout comme chez les vilains, le clergé percevait la dîme sur les produits du sol.
Féodalité