Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Le rôle de l’Eglise


Les guerres nombreuses ont développé la brutalité des mœurs de la classe seigneuriale.

Eglises et monastères eux-mêmes ne sont pas à l’abri du pillage et de la destruction. C’est ainsi qu’à la fin du 10e siècle, le haut clergé français inaugure un mouvement bientôt répandu en France et dans toute la Chrétienté. Il vise à limiter les méfaits et les occasions de guerre.

La Paix de Dieu

Paix de Dieu
Le Serment de la Paix de Dieu

Partout, les évêques font prêter aux seigneurs le serment de la « Paix de Dieu » qui impose le respect des non-combattants et des églises.

C’est un engagement en 5 points. Voici ce que promettait le seigneur :

  • Je n’envahirai, en aucune manière, l’église ; je ne forcerai pas les celliers qui sont autour, à cause de la protection qui est due au sanctuaire de Dieu
  • Je n’assaillirai pas le clerc ou le moine qui ne portent pas les armes séculières, ni celui qui va avec eux sans lance ni écu, et je ne m’emparerai pas de leur cheval, à moins qu’ils ne viennent de commettre une faute pour laquelle j’ai à me plaindre d’eux …
  • Je ne volerai ni bœuf, ni vache, ni porc, ni brebis, ni agneau, ni chèvre, ni âne, ni la charge qu’il porte, ni jument, ni poulain non dressé
  • Je ne saisirai pas le vilain ni la vilaine, ni les sergents ou les marchands, je ne prendrai pas leurs deniers, je ne les rançonnerai pas, je ne leur prendrai pas leur avoir … et je ne les fouetterai pas pour avoir leur bien
  • Je n’enlèverai pas de force un mulet, une mule, un cheval, une jument ni un poulain au pâturage du 1er mars à la fête de la Toussaint, sauf si je trouve qu’ils me font du tort.

La Trêve de Dieu

Dès le milieu du 11e siècle, de nouvelles dispositions sont édictées. Elles interdisent la guerre pendant certains jours de l’année sous peine de mort ou d’exil.

La Trêve de Dieu stipulait que les hostilités devaient être suspendues :

    Paix du comte
    Baudouin à la Hache applique la Paix du comte 

    Source : Nos Gloires, J-L Huens

  • Depuis le jeudi matin jusqu’au lundi
  • De l’Avent à l’Epiphanie
  • Durant tout le Carême
  • Depuis les Rogations (3 jours avant l’Ascension) jusqu’à la Pentecôte.

Afin d’assurer l’exécution de cette loi, l’évêque de Liège, Henri de Verdun, d’accord avec les principaux seigneurs de la Lotharingie, institua en 1042, le Tribunal de la Paix : il siégeait à jour fixe dans la cathédrale de Liège et condamnait à des peines sévères les transgresseurs de la Trêve de Dieu.

Peu après, le comte de Flandre, Baudouin à la Hache, dans le but de faire respecter la Paix de Dieu, publia la Paix du Comte. En justicier sévère, il la fit rigoureusement respecter par les nobles comme par le peuple. C’est ainsi qu’il fit jeter dans une cuve d’eau bouillante le seigneur d’Oostkamp qui avait dérobé à une pauvre campagnarde la seule vache qu’elle possédait. Une autre fois, il fit pendre 10 chevaliers flamands qui avaient dévalisé des marchands.

La chevalerie

Chevalier
Chevalier 

Encyclopédie Alpha, p. 1318

Ces dispositions étant malgré tout souvent violées, l’Eglise cherchera à inculquer les principes de morale chrétienne à la jeunesse seigneuriale.

Il faut savoir que, depuis l’instauration du droit d’ainesse, les fils cadets n’héritaient de rien et ne pouvaient s’établir et fonder une « maison ». Ils formèrent un réservoir de main-d’œuvre guerrière et de coureurs d’aventures violents dont la seule chance de fortune était le coup de main hasardeux. La turbulence et la violence de ces seigneurs errants représentaient un danger que l’Eglise allait tenter de canaliser.

Un rituel d’appartenance et d’initiation étant apparu dans les bandes de guerriers, l’Eglise se l’est approprié et en a fait un rituel chrétien comprenant des veillées et des prières. Les guerriers deviendront des « Chevaliers du Christ » protecteurs des pauvres, des veuves et des orphelins.

C’est donc sous l’impulsion de l’Eglise qu’est née cette institution originale qui allait se développer autour des chevaliers : la chevalerie, fondée sur la pratique de l’honneur et de la courtoisie.

L’adoubement

La cérémonie qui consacre le chevalier s’appelle l’adoubement :

  • La veille de la cérémonie, le futur chevalier prend un bain purificateur et se vêt d’une tunique blanche.
  • Il jeune pour faire pénitence.
  • Il passe la nuit dans la chapelle à prier en compagnie de ses parrains : c’est la veillée d'armes.
  • Au matin il va à la messe, se confesse, communie et écoute le sermon.
  • Puis quand l’assemblée est complète, il s'approche de l'autel, l'épée suspendue à son cou.
  • Un prêtre bénit l’épée.
  • Ensuite le futur chevalier s'agenouille devant le seigneur ou l'évêque qui lui demande : "Pour quelle raison désires-tu entrer dans la chevalerie ? Si tu recherches la richesse ou les honneurs, tu n'en es pas digne !"
  • Le jeune homme pose alors la main sur l'évangile et prête à haute voix le serment des chevaliers.
  • Après cela les pages l'aident à revêtir sa tenue : cotte de maille, cuirasse, brassards et éperons d’or.
  • Puis il ceint l'épée.
  • Il s'agenouille pour recevoir la collée : le seigneur lui donne 3 coups du plat de son épée sur la joue, ou du plat de la main sur la nuque, en disant : "Au nom de Dieu, de Saint Michel et de Saint Georges, je te fais chevalier. Sois vaillant, loyal et généreux."
  • On lui amène son cheval, il met son heaume, et saute sur le destrier sans toucher les étriers.
  • Il part au galop en renversant de sa lance une série de mannequins.

Le chevalier prête serment Adoubement
Prestation de serment  
Source : La nouvelle encyclopédie, p. 1307
Le chevalier s’agenouille  
Source : Le Moyen âge, cycle 3, p. 85 

Le Serment du Chevalier

  1. Tu croiras à tous les enseignements de l'Eglise et tu observeras ses commandements.
  2. Tu protègeras l'Eglise.
  3. Tu défendras tous les faibles.
  4. Tu aimeras le pays où tu es né.
  5. Tu ne fuiras jamais devant l'ennemi.
  6. Tu combattras les infidèles avec acharnement.
  7. Tu rempliras tes devoirs féodaux, à condition qu'ils ne soient pas contraires à la loi divine.
  8. Tu ne mentiras jamais et tu seras fidèle à ta parole.
  9. Tu seras libéral et généreux.
  10. Tu seras toujours le champion du droit et du bien contre l'injustice et le mal.

Arbitrage

Les querelles entre seigneurs locaux étant nombreuses, l’Eglise a souvent été appelée à jouer un rôle d’arbitre entre les parties.

Féodalité