Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Emile Verhaeren

Emile Verhaeren


La Belgique, bientôt suivie de l’Europe, a salué en Emile Verhaeren le plus grand poète lyrique belge. Surnommé le « grand Barbare doux », il a su donner une voix au vent, à la mer, aux arbres et aux forces de la nature.

Sa jeunesse

Saint-Amand
Saint-Amand

Emile Verhaeren naît le 21 mai 1855 à Saint-Amand, sur les bords de l’Escaut. Il est le fils d’une famille commerçante aisée où la langue véhiculaire est le français, mais avec ses camarades de classe et avec les habitants du village il s’exprime couramment dans le dialecte flamand local. Comme il était de coutume dans la bourgeoisie de l’époque, Emile fera ses études secondaires et universitaires en français :

  • A l’internat Sainte-Barbe tenu par des Jésuites à Gand
  • A l’Université de Louvain où il étudie le droit.

Son diplôme de docteur en droit en poche, Verhaeren fait un stage chez Edmond Picard, célèbre avocat bruxellois féru de littérature. Il y participe aux salons littéraires que son maître de stage organise chaque semaine et y entre en contact avec des auteurs et des artistes. Le jeune avocat ne plaidera que 2 affaires. Sa décision est prise : il vouera sa vie à l’art et à la littérature.

Verhaeren s’oriente d’abord vers la critique d’art et de littérature en collaborant à plusieurs revues belges et étrangères. Il devient le rédacteur en chef de « La Jeune Belgique » (revue littéraire et artistique qui paraît à Bruxelles entre 1881 et 1897) où il s’impose rapidement comme un homme-phare.

Parallèlement à ses articles de critique, Verhaeren publie en 1883 un premier recueil, « Les Flamandes » qu’il consacre à son pays natal. Inspiré par des tableaux des grands maîtres de la Renaissance flamande, l’accueil est mitigé :

  • Les partisans de l’avant-garde crient au chef-d’œuvre et louent le style provocateur, sensuel et crûment réaliste.
  • Dans le milieu rural catholique, le recueil fait scandale. On raconte même que les parents du poète essayèrent d’acheter la totalité des exemplaires et de les détruire !

Quelques années plus tard, Verhaeren perd ses parents et doit faire face à des problèmes de santé. Il connaît une grave crise physique et morale ; sa poésie est soumise à des influences symbolistes et se distingue par un pessimisme viscéral :

  • Les Soirs (1888)
  • Les Débâcles (1888)
  • Les Flambeaux noirs (1891)

Une rencontre salutaire

Emile Verhaeren et Marthe Massin
Verhaeren et son épouse

Une femme va l’aider à remonter la pente.

En 1889, Verhaeren rencontre une jeune aquarelliste, Marthe Massin, qui fréquente régulièrement la sœur du poète. Il tombe sous son charme et l’épouse en 1891. Son amour pour elle s’exprimera au travers de 3 recueils de poèmes dédiés aux âges de la vie d’un couple :

  • Les Heures claires (1896)
  • Les Heures d’après-midi (1905)
  • Les Heures du soir (1911)

Un nouveau combat

De nouveaux thèmes viennent inspirer Verhaeren. L’heure est à la révolution industrielle et à ses ravages sociaux. Le poète choisit dès lors de se lancer dans un combat contre l’inégalité sociale et le déclin des régions rurales. Il déplore la mort des campagnes et la naissance des villes qui remplacent les cités de naguère. De grandes œuvres voient le jour :

  • Les Campagnes hallucinées (1893)
  • Les Villes tentaculaires (1895)
  • Les Villages illusoires (1895)
  • Une pièce de théâtre : Les Aubes (1898)

Une renommée nationale et internationale

Poète et écrivain francophone, Verhaeren ne s’en sent pas moins Flamand jusqu’au tréfonds de son âme. Toute son œuvre est marquée par un immense amour de la Flandre qu’il a imposée sur la carte littéraire européenne grâce à ses rapports professionnels et amicaux avec plusieurs écrivains et poètes étrangers :

    Albert 1er
    Le roi Albert 1er

    Source : Histoire de la Belgique
    en mots et en images

  • Ses visites répétées en France le mettent en contact avec des personnalités telles qu’André Gide, Paul Valéry, Guillaume Apollinaire, Jules Romains, Stéphane Mallarmé, …
  • Verhaeren a également cherché à promouvoir, avec succès, son écoute littéraire dans d’autres pays comme l’Autriche, l’Italie et la Russie. Il a atteint une renommée mondiale : son œuvre est traduite, citée, discutée.

Et, bien sûr, en Belgique il ne manquait pas d’amis non plus : Georges Rodenbach, Edmond Picard, Maurice Maeterlinck, Camille Lemonnier, Jules Destrée, … ne sont que quelques-uns parmi ses fervents admirateurs et défenseurs.

Emile Verhaeren était également un ami personnel du roi Albert 1er et de la reine Elisabeth et, à ce titre, fréquentait régulièrement toutes les résidences de la famille royale. Au cours de la Première Guerre mondiale, il avait adressé au roi ces paroles émouvantes :

« Sire, votre nom sera désormais très grand. Vous êtes à tel point confondu avec votre peuple que vous en demeurez le symbole. Son courage, sa ténacité, sa douleur, sa fierté, sa grandeur future, son immortalité résident en vous. Notre âme profonde est la vôtre. Vous êtes en nous tous en étant vous seul. Et vous le resterez ».

Une fin tragique

Le 27 novembre 1916, alors qu’il venait de donner une conférence à Rouen, le poète s’apprête à rentrer à Paris et, arrivé à la gare, il tente de sauter à bord du train avant son arrêt total. Il perd l’équilibre et glisse sous le train … L’accident est mortel, Emile Verhaeren n’est plus !

Tombe de Verhaeren à Saint-Amand
La tombe d’Emile Verhaeren à Saint-Amand

Le gouvernement français témoigne de sa profonde tristesse et veut honorer le grand poète en l’ensevelissant au panthéon, mais la famille refuse. Verhaeren repose dans son village natal de Saint-Amand où un musée rappelle également son souvenir.

Escaut,
Sauvage et bel Escaut,
Tout l’incendie
De ma jeunesse endurante et brandie,
Tu l’as épanoui :
Aussi,
Le jour que m’abattra le sort,
C’est dans ton sol, c’est sur tes bords,
Qu’on cachera mon corps,
Pour te sentir, même à travers la mort, encor !

L’Escaut (Emile Verhaeren)

Principales œuvres d’Emile Verhaeren

Poème autographe de Verhaeren
Dans un Champs d’Orge (1904)

Source : Wikipedia

  • 1883 - Les Flamandes
  • 1886 - Les Moines
  • 1887 – Les Soirs
  • 1888 – Les Débâcles
  • 1891 - Les Flambeaux noirs
  • 1893 - Les Campagnes hallucinées
  • 1895 - Les Villes tentaculaires
  • 1895 - Les Villages illusoires
  • 1896 - Les Heures claires
  • 1898 - Les Aubes (pièce de théâtre)
  • 1899 - Les Visages de la Vie
  • 1902 - Les Forces tumultueuses
  • 1904-11 - Toute la Flandre (5 volumes)
  • 1905 - Les Heures d'après-midi
  • 1906 - La Multiple Splendeur
  • 1910 - Les Rythmes souverains
  • 1911 - Les Heures du Soir
  • 1916 - Les Ailes rouges de la Guerre

Signature d'Emile Verhaeren

Contexte historique :

Quelques célébrités belges