Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Gérard Mercator

Mercator


Mathématicien et géographe flamand, Mercator est à l’origine de la première projection du globe terrestre employée dans les cartes marines. La « projection Mercator » permit ainsi de fournir aux navigateurs une réelle description des contours des terres ; ce procédé révolutionna la cartographie.

Mercator est considéré comme le fondateur de la géographie mathématique.

Sa jeunesse

Gemma Frisius
Gemma Frisius

Gérard Mercator naît le 5 mars 1512 à Rupelmonde, un petit port proche d’Anvers. Ayant perdu très tôt ses parents, il est élevé par son oncle Gisbert.

En 1530, Gérard entre à l’université de Louvain pour y effectuer des études de philosophie et de cosmographie ; il sera l’élève du brillant mathématicien Gemma Frisius. Astronome averti, celui-ci initie son étudiant aux théories développées par Copernic et lui fait aussi apprendre la gravure et le travail du cuivre pour construire des globes terrestres et célestes conçus selon ses propres schémas.

Une fois diplômé, Mercator approfondit les enseignements d’Aristote sans arriver à les concilier avec ceux de la Bible. Il écrira notamment :

« Quand je vis que la version de Moïse de la genèse du monde ne concordait pas suffisamment avec les vues d’Aristote et du reste des philosophes, je commençai à douter de la véracité de leurs enseignements et me mis à explorer les secrets de la nature ».

La quête de preuves en faveur du récit biblique de la création du monde occupera le géographe jusqu’à la fin de ses jours. Nous y reviendrons.

De la théorie à la pratique

En 1537, Mercator produit une carte de la Terre Sainte. Etait-ce vraiment ce que le monde de l’époque attendait avec la plus grande impatience ? On peut en douter … Alors, vous interrogez-vous, pourquoi ? Tout simplement parce que notre jeune géographe voulait favoriser « une meilleure compréhension des deux Testaments ». C’est un succès ! La carte comprend plus de 400 noms et indique également l’itinéraire des Israélites lors de leur traversée du désert après leur sortie d’Egypte. L’exactitude et la minutie du travail valent à Mercator l’admiration de ses contemporains.

Mercator - Carte de la Terre Sainte

Mercator- Première carte du monde

Carte de la Terre Sainte

Carte du monde
Source : Wikipedia

Mercator - Globe de 1541
Globe terrestre - 1541

Source : Wikipedia – Ulrichulrich

 
Fort de ce succès, Mercator continue sur sa lancée et publie, l’année suivante, sa première carte du monde où figure, bien sûr, cette nouvelle terre lointaine inconnue qu’il appelle « Amérique ».

Souvenez-vous, nous sommes en pleine exploration des océans et de nombreuses nouvelles terres sont découvertes. Les données fournies par les navigateurs sont parfois contradictoires et constituent un véritable casse-tête pour les cartographes qui doivent souvent deviner plutôt que certifier … Malgré ces embûches, Mercator réussit, en 1541, à atteindre l’un de ses objectifs : réaliser un globe terrestre plus précis que ceux qui étaient déjà disponibles.

Le cartographe bénéficie de l’estime de Charles Quint qui l’attache à sa maison.

Hérésie !

Mais le 16e siècle est le temps des remises en questions et l’Eglise est au cœur du doute.

Duisburg au 16e siècle
Duisburg au 16e siècle

Rallié à la doctrine de Luther, Mercator est arrêté en 1544 pour avoir écrit des « lettres suspectes ». La publication de sa carte de la Terre Sainte est également considérée comme subversive car elle pourrait encourager le peuple à lire la Bible … Accusé d’hérésie et incarcéré au château de Rupelmonde, Gérard y passera 9 mois et ne devra sa libération qu’à de puissantes protections. Mais tous ses biens seront confisqués.

En 1552, Mercator et sa famille partent s’installer à Duisburg, en Allemagne, où règne une plus grande tolérance religieuse. Lorsqu’une université y est créée, il accepte la chaire de mathématique et de cosmographie.

Le géographe continue à prendre fait et cause pour le récit biblique de la création. Il consacre une bonne partie de sa vie à élaborer une synthèse de la « création du ciel et de la terre, depuis le commencement des temps jusqu’à présent ». En 1569, il publie la première partie de cette synthèse sous le titre « Chronologia ». Il s’agit d’une liste des événements majeurs survenus depuis la création. Comme le livre mentionne la protestation de Luther contre les indulgences, l’Eglise l’ajoute au catalogue des livres interdits !

La poursuite des travaux

Parmi les nombreuses œuvres publiées par Mercator, deux d’entre elles méritent une attention toute particulière :

La projection Mercator

En 1569, Mercator publie une mappemonde en 18 feuillets qui fournit aux navigateurs une réelle description des contours des terres. Cette mappemonde est gravée sur 18 planches de cuivre et mesure 133 x 203 centimètres lorsque les 18 feuilles sont assemblées.

Elle repose sur la projection de la surface terrestre sur un cylindre tangent à l’équateur, ce qui présente l’avantage de ne pas déformer les angles (ils sont tous des angles droits). Les méridiens sont espacés régulièrement tandis que la distance entre les parallèles augmente avec la latitude, ce qui exagère beaucoup les surfaces au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’équateur.

Projection Mercator Mappemonde selon la projection Mercator
La projection Mercator Mappemonde selon la projection Mercator


Cette projection fait apparaître quelques anomalies :

  • L’Australie est reliée au continent antarctique
  • La Terre de Feu est également rattachée au continent antarctique
  • L’île de la Nouvelle Guinée est de taille trop importante
  • Les pôles sont artificiellement très étendus en longitude et en latitude
Atlas de Mercator
L’Atlas de Mercator

Le premier atlas

A la fin du 16e siècle, et grâce à l’imprimerie, l’Europe devient un centre d’information et de diffusion de cartes géographiques fiables, utilisant des critères rationnels.

Mercator est le premier à apposer le mot « Atlas » en tête d’un ouvrage de cartographie. Il en publie les planches en 1585 puis en 1589, année où il annonce le titre « Atlas » pour cette cosmographie dont la publication sera achevée par ses fils un an après sa mort, soit en 1595.

Il ne s’agit pas précisément du premier recueil de cartes de l’époque, mais en utilisant le mot « Atlas », Mercator voulait faire explicitement référence à la légende du Titan soutenant le monde.

La fin d’une longue vie

En 1590, Mercator est victime d’une attaque cérébrale qui le paralyse du côté gauche et l’empêche de parler, ce qui rend la poursuite de son travail extrêmement difficile. Il s’entête toutefois à vouloir terminer l’œuvre de sa vie et persévère dans le travail jusqu’en 1594 lorsqu’il s’éteint le 2 décembre à l’âge de 82 ans.

Il est inhumé à Duisburg où ses œuvres sont exposées. Il était un homme remarquable qui, toute sa vie, s’est efforcé de se situer dans la création de Dieu.

La Belgique se souvient de lui …

En Belgique, le portrait et le nom de Mercator restent familier à beaucoup de monde car :

  • Son effigie figurait sur les billets de 1.000 BFr avant l’entrée en vigueur de l’euro
  • Son nom a été donné au voilier qui servit de navire-école aux officiers de la marine marchande belge. Il était amarré à Ostende et sa visite était gratuite.
  • Il existe plusieurs rues Mercator.
  • Une statue le représente à Bruxelles et à Rupelmonde

Billet de 1.000 BFr

Voilier Mercator

Billet de 1.000 francs belges

Le voilier « Mercator »


Aujourd’hui encore, notre vie quotidienne est imprégnée de l’héritage de Mercator : que nous consultions un atlas ou un GPS, nous profitons de ses travaux !

 

Contexte historique :

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