Les étapes de la mise en valeur du Congo
En vue de lier étroitement le Congo à la vie économique du royaume, la Belgique et d’importantes sociétés capitalistes vont y investir d’importants capitaux.
L’infrastructure
Elle est surtout l’affaire de l’Etat belge qui va financer, dans une large mesure, les travaux d’infrastructure qui s’imposent.
Les voies navigables
Le fleuve Congo et ses grands affluents forment un ensemble de voies navigables de plus de 12.000 km. Très tôt, ces voies sont sillonnées de steamers rapides (bateaux à vapeur). De Léopoldville à Stanleyville, le bief navigable du fleuve forme un arc de cercle de 1.730 km
Mais le fleuve comprend également des secteurs impropres à la navigation séparant les longs biefs navigables. Il a donc été nécessaire de suppléer à ces déficiences afin de relier les différentes régions productrices séparées par d’immenses régions de forêts désertiques. Ce sera l’œuvre du chemin de fer.
Le réseau ferroviaire
Lorsque les pionniers coloniaux devaient remonter l’estuaire du fleuve Congo, ils arrivaient devant la barrière côtière des Monts de Cristal. Afin de relier Matadi à Léopoldville, un chemin de fer de 400 km fut construit et inauguré en 1898. Sa mise en œuvre avait duré 8 ans et s’était effectuée sous des conditions climatiques intenses, à une époque où les notions de l’hygiène coloniale n’avaient pas encore été identifiées. Les travaux coûtèrent la vie à 132 européens et à 1.800 indigènes.
Afin de contourner l’obstacle des Stanley Falls (une suite de 78 cataractes se succédant sur près de 100 km), une voie ferrée réunit Stanleyville à Ponthierville par une ligne de 125 km construite en 1906 et 1908.
Chemin de fer au Congo Source : 150 ans de vie économique, p. 33 |
Les Stanley Falls |
Après l’annexion du Congo, le réseau ferré intérieur est encore amplifié :
- En amont de Ponthierville, la ligne Kindu à Kabalo permet d’éviter une nouvelle série de rapides
- De Kabalo, une voie transversale aboutit au Lac Tanganyika à Albertville
- Une ligne à voie étroite entre Boma et Tshela permet d’amener au fleuve Congo les richesses végétales du Mayumbé
- La découverte des richesses minières du Katanga fait ensuite surgir un tout nouveau programme (voir plus loin “Importance du Katanga”)
Les routes
La naissance progressive de grands centres de peuplement exige la construction de routes et l’achèvement de communications interrégionales aisées pour amener de la nourriture au peuple indigène : maïs, manioc, patates douces, etc.
Les richesses naturelles
La colonie cessa bientôt d’être considérée seulement comme utile pour la production de l’ivoire et du caoutchouc. D’ailleurs, à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, la production du caoutchouc avait déjà considérablement diminué.
L’agriculture
Domestication des éléphants
Dès la fin du 19e siècle, l’espoir naît de multiplier, dans les savanes et les forêts, de vastes cultures rémunératrices :
- Léopold II crée une station de domestication des éléphants d’Afrique
- On encourage les indigènes pour la culture et l’élevage
- La culture de la noix de palme, la production de l’huile de palme et l’exploitation des bois précieux sont bénéfiques à l’exportation
- Après de longs et pénibles efforts, la production du sucre et du café sont devenues très rentables
A l’époque, les opinions divergent encore sur la question de savoir si l’agriculture du Congo devait prendre la forme :
- De cultures de type moyen à confier aux indigènes
- Ou, au contraire, celle d’exploitations plus vastes à laisser aux seules mains des immigrés blancs.
Quoi qu’il en soit, la mise en valeur du sol par les Blancs reçoit déjà un appui précieux sous la forme de la création d’une société de Crédit du Colonat (1947)
Les mines
Lorsque les prospections font connaître les ressources du sous-sol de la colonie, sa richesse prodigieuse ne fait aucun doute. Pour les exploiter, Léopold II fonde 3 sociétés très puissantes :
- L’Union Minière du Haut-Katanga dont la mission principale est d’assurer la mise en valeur des richesses du sol et du sous sol katangais
- La Compagnie des Chemins de Fer du Bas-Congo au Katanga (BCK)
- La Société Forestière et Minière du Congo (la Forminière) qui exploite principalement le diamant, les mines d’or et d’argent.
L’Union Minière Source : Wikipedia |
Part sociale de la Forminière |
Par la suite, d’autres groupements voient le jour comme, par exemple, la Géomines (Compagnie Géologique et minière) qui centralise l’extraction de la cassitérite (oxyde d’étain naturel) sur le Haut-Lualaba
L’importance du Katanga
Première mine de cuivre au Katanga
Dès le départ, le Katanga prend un développement remarquable et son chef-lieu Elisabethville, situé à 1.300 m d’altitude, dépasse en importance la plupart des villes de l’Afrique centrale.
- Le Katanga est le quatrième centre de production mondiale du cuivre. Jadotville, au Nord-Ouest d’Elisabethville, devient la « capitale du cuivre ».
- On découvre au Katanga des quantités de minerais radioactifs (cobalt et minerai uranifère), ce qui permet d’estimer que le Congo possède le quart des réserves mondiales d’uranium
- Toutes les usines de la région sont alimentées en énergie par les chutes de la Lufira, captées par la puissante centrale hydro-électrique de la Sogefor.
Extension du réseau ferroviaire
Le problème du transport des produits miniers du Katanga transforme la carte du Congo.
- En 1928, un long tronçon de plus de 1.000 km rattache Elisabethville à Port-Francqui (Moyen Kasaï)
- Depuis 1931, une voie part de Tenke (entre Jadotville et Bukama) et se dirige vers l’Ouest, entre dans la colonie portugaise de l’Angola et aboutit finalement à l’océan Atlantique
- Au Sud, le Katanga se rattache aux lignes de la Rhodésie et du Cap.
Chemin de fer au Katanga
Source : La Patrie belge, 1830-1930, p. 490