Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Les gildes et les corporations


La population des villes était devenue bien différente de celles des agglomérations rurales :

  • Les agriculteurs y diminuaient en nombre
  • Par contre, les hommes de condition libre, surtout des commerçants et des artisans, y formaient une majorité importante.

Les anciennes coutumes établies pour la vie rurale devinrent de jour en jour moins aptes à régir un groupement humain qui trouvait dans les transactions commerciales et les métiers ses grandes sources de revenus.

Les gildes et les hanses

La classe des marchands, composée à l’origine d’aventuriers et de spéculateurs, s’était peu à peu disciplinée et enrichie. Elle éprouva le besoin de s’organiser et de former des groupements d’entraide pour accaparer le monopole du commerce en gros. Les gildes étaient nées et permettaient à leurs membres :

  • De réunir des capitaux plus importants
  • De diminuer les risques : brigandage, pirates, naufrages, rançons exigées par certains seigneurs, …
  • De répartir les pertes
  • D’assurer la défense commune

Très puissantes, elles allaient bientôt exercer un véritable despotisme économique et politique. Par exemple :

  • Elles s’étaient octroyé le monopole pour l’achat en bloc les laines anglaises
  • Elles revendaient ces laines aux fabricants de draps
  • Elles rachetaient les draps fabriqués au prix qu’elles avaient préalablement fixé et les revendaient à l’étranger

Les gildes marchandes groupent exclusivement les marchands d’une même ville.

Mais des associations de marchands issus de plusieurs villes s’y superposaient parfois : ce sont les hanses. En Belgique est créée la hanse flamande de Londres qui regroupe tous les marchands de Flandre qui pratiquent l’achat de laines anglaises à Londres. De même, les cités bordant la Mer Baltique s’unissent pour constituer la Hanse Teutonique dont le trafic se prolonge vers Bruges.

Les hanses se réservent le monopole économique et possèdent même parfois une puissance militaire.

 

Armoiries de la gilde des drapiers Achat de la laine en Angleterre Ordonnance relative à la vente du drap Comptoir de la hanse teutonique à Anvers
Armoiries - Gilde des drapiers 
Bruxelles, où est le temps, p. 324
Achat de la laine en Angleterre 
Source : http://www.nbbmuseum.be
Ordonnance relative à la vente du drap  (Bruxelles, où est le temps) Comptoir de la hanse teutonique 
à Anvers 
(Wikipedia)

Les lignages

Dans toutes les villes naît une classe dominante de patriciens que l’on nomme :

  • Poorters en Flandre et en Brabant
  • Grands à Liège

D’une manière générale, les riches marchands dédaignent les artisans qui ne peuvent entrer dans la gilde. Eux, les patriciens, forment les familles appelées lignages. Ils ont leur propre blason et habitent dans un « steen ». Leurs fils servent à cheval dans les milices.

Armoiries des lignages bruxellois
Vitrail représentant les armes des lignages bruxellois

Source : Bruxelles, où est le temps, p. 445

Les corporations

Les produits destinés à l’usage courant et au commerce sont fabriqués dans de petits ateliers par des artisans qui travaillent pour des patrons. Seuls ces patrons jouissent d’une certaine aisance.

Peu rétribués, les ouvriers vivent misérablement. Aussi tous ceux qui exercent la même profession décident-ils de s’unir en confrérie pour aider les camarades nécessiteux. Peu à peu les confréries s’organisent à la manière de la gilde. On les appelle alors métiers ou corporations. Certaines grandes villes pouvaient compter jusqu’à 55 métiers différents.

Armoiries de corporations
Armoiries de quelques corporations

Source : Bruxelles, où est le temps, p. 276

Chaque corporation possédait :

  • Un local de réunion (sa maison)
  • Une caisse d’assistance commune
  • Une bannière
  • Un sceau
  • Des règlements
  • Une chapelle
  • Un saint patron.
Buffet pentagone
Buffet pentagone 

Source : Ancien manuel scolaire

Voici, à titre d’exemple, l’organisation du métier des ébénistes, à Bruxelles.

Il est administré par 4 jurés, ainsi appelés parce qu’ils jurent de garder et de faire respecter le règlement selon le droit et la justice, de ne favoriser ni négliger personne.

Le métier comprend des maîtres, des compagnons et des apprentis.

  • L’apprenti peut débuter à l’âge de 15 ans ; il doit payer un droit d’entrée. Il apprend alors le métier pendant 3 ans. Il est logé et nourri par son patron mais ne reçoit pas de salaire.
  • L’apprentissage terminé, il devient compagnon, c’est-à-dire ouvrier, à condition de faire, devant les jurés, la preuve de ses capacités. On lui impose un chef-d’œuvre : c’est la fabrication d’un buffet pentagone.
  • L’ouvrier reste compagnon s’il est pauvre ; mais s’il a les moyens de s’installer, il devient maître, à condition encore de payer un droit d’admission très élevé.

Le règlement du métier est sévère. Ainsi, un maître ne peut avoir qu’un atelier et qu’une boutique : il ne peut engager qu’un apprenti et 3 ouvriers au plus. Les salaires sont fixés par les jurés. Il n’est pas permis de travailler en dehors des heures prescrites.

Les jurés sont chargés de faire observer le règlement. Ils se rendent au domicile des maîtres et des compagnons et dans les ateliers ; ils inspectent les objets fabriqués. Ils infligent de fortes amendes pour toute infraction : la punition la plus grave est l’interdiction de travailler.

organisation-corporations


Chaque corporation détenait un monopole de fabrication ou de vente. Par exemple : nul ne pouvait tisser s’il n’appartenait à la corporation des tisserands.

Les règlements des métiers

Les artisans travaillent dans de petits ateliers et doivent se plier à des règlements très sévères afin de

  • Maintenir la qualité de la marchandise
  • Protéger le consommateur
  • Protéger la renommée de la ville

Par ailleurs, pour fournir « une œuvre bonne et loyale » :

  • Le travail de nuit est interdit
  • Les artisans doivent travailler à la vue du public
  • La matière employée, l’outillage, les heures de travail, les procédés de fabrication, les salaires et les prix sont minutieusement contrôlés.

Pour être admis dans une corporation, il faut payer un droit d’entrée. Les inspecteurs visitent les ateliers à l’improviste, confisquent les mauvais produits et condamnent les artisans fautifs à de lourdes amendes.

Marché médiéval
Marché médiéval 

Source : Sur les traces des foires 
et des marchés, p. 3

Les foires et les marchés

Les marchandises étaient d’abord vérifiées par les autorités du métier et de la commune qui en fixaient le prix. Puis on les exposait en vente sur le marché public qui se tenait le plus souvent dans des halles. Chaque négociant y avait sa place mesurée où se trouvait son étal. Mais il lui était défendu d’appeler les acheteurs et surtout de les tromper en utilisant de faux poids par exemple (puni par la peine de mort !).

Les produits étaient également vendus dans les foires qui se tenaient à jour fixe dans diverses localités. Ces foires, fort nombreuses, servaient de rendez-vous à une foule d’acheteurs et de vendeurs qui n’auraient pu, sans cela, entrer en relation commerciale. La foire belge la plus fréquentée était celle de Thourout.

Essor des villes au Moyen âge