Hergé

Georges Remi est un auteur de bande dessinée belge francophone. Il prend pour pseudonyme « Hergé » qui est la déclinaison de ses initiales inversées : R.G. Il est principalement connu pour « Les Aventures de Tintin » et est souvent considéré comme « le père de la bande dessinée européenne ».

L’homme

Sa jeunesse

Georges Remi naît le 22 mai 1907 à Bruxelles dans une famille appartenant à la classe moyenne. Il entre à l’école primaire alors qu’éclate la Première Guerre mondiale et que la ville est occupée par les Allemands. Déjà doué pour le dessin, il dessine dans le bas de ses cahiers les aventures d’un petit garçon aux prises avec les envahisseurs allemands.

Au cours de ses études secondaires dans un établissement catholique, il se révèle être un élève brillant, souvent classé premier de sa classe. Par contre, et aussi étrange que cela puisse paraître, ses résultats étaient catastrophiques en dessin où il n’obtenait pas la moyenne des points requis !

En 1921, il entre dans la troupe scoute de son collège où il reçoit le nom totémique de « Renard curieux » ; les idéaux du scoutisme qui lui sont inculqués auront une influence non négligeable sur sa future carrière. Il publie ses premiers dessins dans « Jamais assez », la revue scoute de son établissement scolaire puis, à partir de 1923, dans « Le Boy-Scout belge », le mensuel des scouts de Belgique.

La maturité

Les parents d’Hergé, rendus conscients de la passion de leur fils pour le dessin, l’inscrivent aux cours de l’Ecole Saint-Luc, spécialisée dans les arts graphiques. L’idée était bonne mais la finalité ne répondait en rien aux aspirations de l’étudiant : peu inspiré par un chapiteau corinthien en plâtre, lui, dont le seul plaisir était de dessiner des petits bonshommes, ne fit pas long feu dans cette école prestigieuse.

C’est en tant qu’autodidacte qu’Hergé se formera tout au long de sa vie. Pour se perfectionner, il n’hésitera pas à acheter des livres pour se cultiver et à voyager pour s’imprégner des thèmes qu’il se proposera d’aborder. L’idée lui sera d’ailleurs suggérée avec conviction par un jeune étudiant chinois, Tchang Tchong-Jen ; désormais, ce qui n’était jusqu’alors qu’un jeu amusant va devenir progressivement un travail sérieux abordé avec rigueur et précision.

L’occupation allemande

Le 10 mai 1940, la Belgique est envahie par les troupes allemandes. Le journal « Le Vingtième Siècle » et son supplément « Le Petit Vingtième » disparaissent. Hergé accepte alors de travailler pour « Le Soir Jeunesse », supplément du journal « Le Soir » qui est sous le contrôle de l’occupant allemand. Après avoir quitté le journal « collaborationniste » en avril 1944, il sera interrogé à plusieurs reprises avant que le juge ne considère “de nature à ridiculiser la justice de s’en prendre à l’auteur d’inoffensifs dessins pour enfants”.

Le Soir Jeunesse	Hergé et la Sûreté de l’Etat

Même si rien ne prouvait qu’Hergé se soit rendu coupable de quoi que ce soit pendant la guerre, il sera néanmoins considéré comme persona non grata pendant un certain temps.

Les dernières années

Hergé se voit décerner plusieurs distinctions honorifiques et marques de reconnaissance :

• En 1972 : Yellow Kid d’honneur au Festival International de la Bande dessinée à Lucques (Italie)
• En 1973 : Grand Prix Saint Michel à Bruxelles
• En 1974 : Nomination en tant que Président de la Première Convention Internationale de la Bande dessinée à Angoulême
• En 1977 : Médaille de vermeil de la ville d’Angoulême à l’occasion du 4^e Salon de la Bande Dessinée
• En 1978 : promotion au grade d’officier de l’Ordre de la Couronne, à Bruxelles
• En 1979 : Statuette « Mickey » d’honneur que Pierre Tchernia remet à Hergé pour la Compagnie Walt Disney. Cette statuette n’avait plus été offerte depuis la mort de Disney en 1966.
• En 1982, à l’occasion du 75^e anniversaire de l’auteur, la Société Belge d’Astronomie donne son nom à une planète récemment découverte. La planète Hergé est située entre Mars et Jupiter.

En 1976, Hergé retrouve la trace de Tchang Tchong-Jen perdue depuis 1937 lorsque celui-ci était retourné en Chine. Hergé n’avait eu de cesse de questionner sans relâche tous les Chinois qu’il rencontrait jusqu’à ce qu’il tombe sur un ami de Tchang. Les liens sont renoués par écrit avant de vraies retrouvailles en 1981 à Bruxelles. L’émotion est intense et le retentissement de l’événement est énorme …

En 1980 apparaissent les premiers symptômes de maladie : anémie et grande faiblesse amènent au diagnostic d’une leucémie. Hergé se battra contre la maladie pendant 3 années au cours desquelles il subira de nombreuses transfusions de sang. Le 3 mars 1983, il décède après une semaine de coma.

La carrière professionnelle d’Hergé

En 1925, ses études secondaires terminées, Hergé est engagé au journal nationaliste et clérical « Le Vingtième Siècle » comme employé au service des abonnements. Un an plus tard, il crée le personnage de « Totor, C.P. des Hannetons » qu’il envoie pour publication au « Boy-Scout belge ».

Totor, C.P. des Hannetons	Le Petit Vingtième

Après avoir accompli son service militaire en 1928, Hergé devient rédacteur en chef du « Petit Vingtième », un supplément hebdomadaire pour la jeunesse. Le numéro 11 du 10 janvier 1929, est particulièrement remarquable car il voit la naissance des personnages de Tintin et Milou. C’est le début d’aventures qui s’échelonneront sur une cinquantaine d’années et vaudront à leur auteur une renommée internationale. Mais Hergé n’en est pas encore conscient !

Jacques, Edgar Pierre, Bob et les autres …

Le succès aidant, Hergé ne peut plus travailler seul d’autant plus que son éditeur Casterman lui demande, en 1942, de standardiser le format de ses albums : 62 pages en couleurs. Pour répondre à cette exigence, les anciens volumes doivent être entièrement redessinés (ils comprenaient généralement 130 planches) et coloriés. Par ailleurs, certains épisodes nécessitent un travail technique important et une grande rigueur documentaire (« Objectif Lune » et « On a marché sur la Lune », entre autres). Hergé va, dans un premier temps, s’entourer de collaborateurs avant de fonder, en 1950, les « Studios Hergé ». On y retouve notamment :

• Jacques Van Melkebeke, rédacteur en chef du « Journal de Tintin » dont le premier numéro parait en septembre 1946
• Edgar Pierre Jacobs, bras droit d’Hergé, responsable notamment du dessin des décors et des uniformes. Plus tard, il deviendra l’auteur de « Blake et Mortimer »
• Jacques Martin, futur père de « Alix »
• Willy Vandersteen, futur auteur de Bob et Bobette
• Bob de Moor qui lui restera fidèle jusqu’au bout
• Alice Devos, chargée de la refonte de la mise en page et de la mise en couleur des anciens épisodes

Le style Hergé

Le style graphique d’Hergé a évolué tout au long de son œuvre. Il subit tour à tour l’influence de grands illustrateurs ainsi que celles des pionniers français et américains de la bande dessinée.

En 1934, son ami Tchang Tchong-Jen l’initie aux techniques de la peinture chinoise et l’oriente vers une simplification de son dessin. Plus tard, sa collaboration avec Edgar Pïerre Jacobs le conduira vers plus de réalisme, notamment dans le traitement des décors.

Hergé construit son identité graphique en associant texte et illustration : les paroles et les pensées suivent les personnages en mouvement, de même que les onomatopées viennent enrichir l’illustration de couleurs nouvelles et complémentaires. Mais la caractéristique du style Hergé ne se limite pas à cela ; le charme de sa création tient à « la ligne claire », véritable ode à la simplicité et à la clarté :

• Contour systématique : trait noir, d’épaisseur régulière, identique pour tous les éléments du dessin (personnages, vêtements, décors)
• Couleurs en aplats : pas d’effets d’ombre et de lumière
• Réalisme des décors
• Régularité des strips, chaque case est elle-même entourée d’un trait simple
• Unité et continuité des plans
• Suppression presque totale de toute forme de récitatif (longue explication documentaire)

L’œuvre d’Hergé

L’œuvre maîtresse d’Hergé est incontestablement « Les Aventures de Tintin ». Traduites en 91 langues (dont 42 langues régionales), vendues à 230.000.000 d’exemplaires dans le monde, elles ont enchanté des générations de lecteurs de « 7 à 77 ans » selon le slogan du Journal de Tintin. Alors que Hergé nous a quittés depuis plusieurs années, Tintin reste encore aujourd’hui plus vivant que jamais !

Les albums « Tintin » sont les suivants :

1. Tintin au Pays des Soviets (septembre 1930)
2. Tintin au Congo (juillet 1931)
3. Tintin en Amérique (novembre 1932)
4. Les Cigares du Pharaon (octobre 1934)
5. Le Lotus Bleu (septembre 1936)
6. L’Oreille Cassée (novembre 1937)
7. L’Ile Noire (novembre 1938)
8. Le sceptre d’Ottokar (1939)
9. Le crabe aux Pinces d’Or (novembre 1941)
10. L’Etoile mystérieuse (décembre 1942)
11. Le Secret de la Licorne (octobre 1943)
12. Le Trésor de Rackham le Rouge (novembre 1944)
13. Les Sept Boules de Cristal (septembre 1948)
14. Le Temple du Soleil (septembre 1949)
15. Tintin au Pays de l’Or Noir (décembre 1953)
16. Objectif Lune (septembre 1953)
17. On a marché sur la Lune (août 1954)
18. L’Affaire Tournesol (octobre 1956)
19. Coke en Stock (juillet 1958)
20. Tintin au Tibet (janvier 1960)
21. Les Bijoux de la Castafiore (janvier 1963)
22. Vol 714 pour Sydney (janvier 1968)
23. Tintin et les Picaros (janvier 1976)
24. Tintin et l’Alph-Art (publié inachevé en octobre 1986)

 

 

Mais Hergé est également l’auteur d’autres bandes dessinées parmi lesquelles figurent :

• Quick et Flupke. Créée en 1930, cette série raconte les mésaventures de 2 garnements de Bruxelles qui provoquent accidents et avatars au grand dam de leurs parents et de l’agent 15.
• Popol et Virginie au pays des Lapinos est en fait le résultat d’une chaîne de transformations d’une histoire publiée sous différents titres.
• Jo, Zette et Jocko. Alors que les aventures de Tintin paraissaient déjà dans le magazine français « Cœurs Vaillants », les éditeurs prièrent Hergé de créer de nouveaux héros qui seraient encadrés par une famille, contrairement à Tintin. Jo et Zette sont frère et sœur ; ils sont âgés d’une douzaine d’années et sont accompagnés de leur chimpanzé Jocko qui les suit partout.
  
  

 

Contexte historique :

• Le règne de Léopold II
• Le règne d'Albert 1er
• Le règne de Léopold III
• Le règne de Baudouin 1er

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