Simon Stevin (1548-1620)
Mathématicien, physicien et inventeur flamand, Simon Stevin est un véritable touche-à-tout. Grand défenseur de la logique, il adopte comme devise « Wonder is gheen wonder » (La merveille n’est pas mystère).
Son œuvre immense couvre un champ allant de l’arithmétique à la navigation en passant par l’art pondéraire et la dialectique, mais elle reste néanmoins largement méconnue du fait qu’il écrit quasi exclusivement en flamand. La propagation de ses travaux en Europe en sera considérablement retardée.
L’homme
Maurice de Nassau
Source : Wikipedia
Simon Stevin naît à Bruges en 1548 sous le règne de Charles Quint. Fier de ses origines, il ne manquera jamais d’en faire état sur la page de titre de chacun de ses ouvrages où il mentionnera invariablement « Simon Stevin van Brugge ».
Simon commence sa vie professionnelle en 1564 comme commis d’un marchand à Anvers avant d’accepter, en 1577, la charge d’employé aux finances du port de Bruges. Ayant échoué dans l’obtention de la franchise des droits sur la bière, il décide de s’expatrier et s’en va travailler successivement en Prusse, en Pologne, au Danemark, en Suède et en Norvège avant de revenir aux Pays-Bas en 1581.
Sensibilisé par son travail de comptable à l’importance des chiffres, il débute ses premiers travaux à Anvers et publie « Tafelen van Interest », un recueil de tables de calcul d’intérêts par une méthode efficace très prisée par les riches négociants.
Il restera 2 ans à Anvers puis décide de s’inscrire à l’université de Leyde pour y suivre des cours de mathématiques. La même année, il publie déjà « Problemum geometricorum » (Problèmes de géométrie).
Pendant ses études, Simon se lie d’amitié avec un étudiant qui jouera un rôle significatif dans sa carrière : Maurice de Nassau, prince d’Orange et fils de Guillaume le Taciturne. Maurice sera appelé au pouvoir après l’assassinat de son père en 1584. C’est tout naturellement qu’il demandera à Simon d’entrer à son service et qu’il lui confiera la charge de quartier-maître de l’armée des Etats généraux.
Stevin l’ingénieur
Rappelez-vous, en cette fin de 16e siècle, il ne fait pas bon vivre aux Pays-Bas sous le fanatisme religieux de Philippe II. Les provinces du Nord, protestantes, ont accueilli un grand nombre d’émigrés venant des provinces du Sud. Elles sont en rébellion et veulent faire sécession. La guerre est omniprésente.
C’est dans ce climat dramatique que Stevin, lui aussi émigré du Sud, va apporter son aide et obtenir la reconnaissance des hommes de guerre. Il invente :
- Un char à voile ayant seulement recours à la force du vent et à même d’atteindre une vitesse de 80 km/h. Par ailleurs, une trentaine de passagers peuvent y prendre place.
- Une méthode pour retenir une armée d’envahisseurs en inondant les terres et chemins par l’ouverture d’écluses situées dans une digue.
- Il participe à la construction de fortifications, de ports, d’écluses et de moulins à vent.
En 1600, il fondera, avec l’aide de Maurice de Nassau, une école d’ingénieurs militaires à Leyde.
Les mathématiques
Stevin n’est certes pas l’inventeur de la comptabilité à partie double mais il est le premier à recommander l’utilisation de comptes impersonnels dans la comptabilité nationale. Son plus grand succès mathématique sera cependant la publication d’une petite brochure de 36 pages intitulée « De Thiende » (La Disme). Par cet écrit, Stevin marque de son empreinte l’histoire des mathématiques.
A cette époque, les nombres à virgule n’existent pas encore quoique la notion de décimale soit déjà connue par les Arabes et les Chinois. Mais en Europe, leur écriture se fait au moyen de fractions.
L’idée de Stevin est de privilégier les fractions décimales liées à la numération de position, Cette écriture des nombres permet d’éviter des calculs difficiles de fractions et de s’en tenir à des règles arithmétiques portant sur des nombres entiers.
Un exemple de la notation de Stevin ? Voici à quoi ressemblait le nombre que nous écririons aujourd’hui « 89,532 » :
pour désigner aujourd’hui 100 (= 1, soit l’unité)
pour désigner 10-1 (= 0,1, soit le dixième)
pour désigner 10-2 (= 0,01, soit le centième)
pour désigner 10-3 (= 0,001, soit le millième)
Plus tard cette notation évoluera pour devenir 89o532, puis 89.532 et enfin 89,532.
Simon Stevin apporte également une contribution signification à la trigonométrie et à l’algèbre où il utilise la notation « + », « - » et « : ».
La physique
Sans vouloir entrer dans des détails techniques, signalons simplement que Stevin a mené à bonne fin des travaux portant sur la mécanique. En 1586, il publie 2 ouvrages importants :
- La statique ou l’art de peser (De Beghinselen der Weeghconst)
- L’hydrostatique (De Beghinselen des Waterwichts)
Il y démontre notamment la méthode du parallélogramme des forces et énonce le paradoxe de l’hydrostatique : la pression d’un liquide sur le fond d’un récipient est indépendante de sa forme et aussi de la surface du fond ; elle dépend uniquement de la hauteur du liquide dans le récipient. Plus tard, en 1596, il découvrira que 2 corps de poids différents tombent à la même vitesse.
L’Art de Peser |
Le Paradoxe de l’hydrotatique |
C’est aussi à Stevin que l’on doit une tentative d’explication des marées par l’attraction de la lune.
La langue flamande
Patriote convaincu et fier de ses origines, Stevin s’efforce de faire du flamand parlé dans les Pays-Bas une langue à part entière. Dans cette optique, il s’évertue à trouver un équivalent flamand pour tous les termes scientifiques et techniques. Ainsi, le mot flamand pour « mathématiques » n’aura pas de racine grecque mais bien germanique et deviendra « Wiskunde ».
Stevin y voyait en outre un autre avantage : les mots monosyllabiques permettaient de composer bon nombre de radicaux …
Statue à Bruges |
Bruges - Place Simon Stevin |
Contexte historique :