Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Une constante : la guerre !

 

Au cours de ce siècle de malheur, les provinces belges devinrent le champ de bataille quasi permanent de l’Europe. Il y avait d’ailleurs de quoi y perdre son latin car les ennemis d’un jour pouvaient se révéler être des alliés le lendemain ! Mais pour le peuple, cela ne faisait pas une grande différence …

Les Provinces Unies

Signature du traité de Munster
Signature du Traité de Munster  

En 1621, au terme de la Trêve de 12 Ans, il restait un conflit à terminer avec les Provinces Unies que l’Espagne aurait bien voulu faire à nouveau entrer dans son giron.

Les Hollandais s’allièrent à la France et engrangèrent quelques victoires. Mais bientôt les succès de la France commencèrent à alarmer nos voisins du Nord qui, de 2 maux choisirent le moindre : le voisinage des Espagnols leur convenait davantage à celui des Français !

De son côté, Philippe IV aspirait à la paix et se résigna à l’inévitable. Le Traité de Münster (30 janvier 1648, entériné au mois de mai) mit fin à la longue Guerre de 80 Ans. Les Hollandais obtenaient gain de cause sur toute la ligne :

  • Philippe IV reconnaissait l’indépendance des Provinces Unies
  • Il leur cédait
    • La Flandre zélandaise
    • Le Brabant du Nord
    • Le territoire d’Outre-Meuse
  • Il admettait que les bouches de l’Escaut restent fermées

Un adversaire de taille : Louis XIV

Malheureusement, la paix ne dura pas longtemps.

Le roi de France, Louis XIV se prit d’un véritable acharnement sur nos provinces et y mènera pas moins de 5 grandes guerres, plongeant notre pays dans la désolation. Dans sa folie guerrière, il procédera sans aucun ressentiment à des bombardements parfaitement inutiles comme ce fut le cas de celui de Bruxelles en 1695 : notre magnifique Grand-Place ne sera plus qu’un monceau de ruines et environ 3.850 maisons seront détruites.

Louis XIV Incendie de la grand-place de Bruxelles
Louis XIV Incendie de la grand-place de Bruxelles  
Source : Histoire illustrée de la Belgique, p. 117


Nous n’allons pas nous attarder sur chacune des campagnes de Louis XIV ; nous nous limiterons à évoquer les 2 principales :

  • La Guerre de Dévolution
  • Et la Guerre de Succession d’Espagne

Il convient toutefois de souligner que l’ensemble des guerres de Louis XIV aura pour conséquence de modeler une bonne part de la frontière belgo-française. Ainsi :

  • L’Artois et la Flandre gallicane deviennent totalement français
  • Le Hainaut est amputé de sa moitié Sud et perd notamment Valenciennes
  • Les parties méridionales du Tournaisis et du Luxembourg sont confiées à la France
  • Quelques places fortes doivent être abandonnées aux Français

La Guerre de Dévolution

Marie-Thérèse, épouse de Louis XIV
Marie-Thérèse, épouse de Louis XIV

Source : Wikipedia

En 1665, la mort de Philippe IV donne à Louis XIV l’occasion de réclamer la couronne d’Espagne au nom de son épouse (voir généalogie) et ce malgré les précautions qui avaient été prises du côté espagnol.

En 1659, le roi de France avait en effet épousé Marie-Thérèse, fille de Philippe IV. Pour que les choses ne soient pas équivoques, une clause de renonciation aux Pays-Bas figurait dans le contrat de mariage. En compensation de cette renonciation, une dote de 300.000 écus d’or avait été promise. Or, cette dote n’avait jamais été payée … et Louis XIV ne s’était pas plaint.

A la mort de Philippe IV, Louis XIV feignit de s’apercevoir que la dot de sa femme n’avait jamais été payée et réclama au nouveau roi d’Espagne, Charles II, les Pays-Bas et la Franche-Comté comme une sorte d’avance d’hoiries. Il invoqua à cet effet un vieux droit coutumier en usage dans quelques bourgs brabançons : le droit de dévolution, en vertu duquel les enfants issus d’un premier lit étaient favorisés au détriment des enfants nés d’unions ultérieures. Or, Marie-Thérèse était issue d’un premier mariage de Philippe IV.

Louis XIV confondait sciemment les règles générales du droit public avec une disposition locale du droit privé ! Il appuya ses sophismes par l’envoi inopiné d’une armée de 50.000 hommes.

Les villes belges, avec leurs fortifications en ruines, tombèrent à peine investies. Mais les Provinces Unies se hâtèrent de conclure avec leur ancienne ennemie ainsi qu’avec la Suède une Triple Alliance qui rabattit un certain nombre de prétentions de Louis XIV.

Le Traité d’Aix-la-Chapelle (2 mai 1668) mit fin à la guerre.

La Guerre de Succession d’Espagne

Pour bien comprendre les enjeux du conflit, le visiteur est invité à se reporter au schéma explicatif.

Le 1er novembre 1700, Charles II d’Espagne meurt sans postérité et lègue sa succession à son petit-neveu, le duc d’Anjou, second petit-fils du puissant Louis XIV.

Comte de Bergeyck
Le comte de Bergeyck  

Frustré dans ses espérances, Léopold 1er de Habsbourg, époux de la sœur de Charles II et empereur germanique, rechercha l’appui des puissances maritimes au sein de la Grande Alliance :

  • Angleterre
  • Provinces Unies
  • Empire germanique
  • Autriche.

Il était en effet devenu notoire que Louis XIV profitait de la faiblesse du jeune Philippe d’Anjou, devenu Philippe V, pour se donner tous les droits d’intervenir dans la monarchie espagnole et fragiliser l’équilibre des puissances européennes.

En février 1701, les troupes de Louis XIV envahirent les Pays-Bas espagnols. Son idée était de mener une guerre éclair. Mais la guerre fut longue …

Parallèlement au déroulement de la guerre, un édit royal 2 juin 1702 bousculait de fond en comble les institutions gouvernementales et provinciales des Pays-Bas et les plaçait sous administration française :

  • Le Conseil de Flandre à Madrid et les 3 Conseils collatéraux furent supprimés et remplacés par le Conseil du Roi, auquel fut attribuée la délibération de toutes les matières et affaires de gouvernement, justice, police et finances. 7 membres composaient le Conseil du Roi que dirigeait le comte de Bergeyck, nommé surintendant général et ministre de la Guerre.
  • Au niveau provincial, les Etats furent privés du privilège de consentir les impôts. Louis XIV remplaça les gouverneurs par des intendants, agents de l’absolutisme chargés de veiller à l’application stricte des nouvelles mesures.

La réforme dans les Pays-Bas s’accompagna :

  • D’impôts élevés
  • De réquisitions aux villes
  • De la conscription par tirage au sort. Elle remplaça l’ancienne procédure de recrutement de l’armée assurée uniquement par le volontariat.

Mais revenons à la guerre et aux belligérants …

En 1706, le duc de Marlborough remporta une éclatante victoire qui amena l’évacuation de la plus grande partie de notre territoire. Ce ne fut cependant pas la libération, la guerre sévit encore pendant quelques années dans nos contrées. En 1711, Joseph 1er, fils de Léopold 1er de Habsbourg, s’éteint sans laisser d’héritier mâle. Son frère, Charles VI lui succède en tant qu’empereur et revendique les Pays-Bas.

Il faudra attendre le Traité d’Utrecht (11 avril 1713) pour mettre définitivement fin au conflit. Ce traité sera complété 2 ans plus tard par le Traité de la Barrière

  • Les Pays-Bas espagnols sont transmis à la Maison des Habsbourg d’Autriche (Charles VI)
  • Les provinces belges deviennent néanmoins les vassales des Provinces-Unies qui obtiennent l’autorisation d’établir des garnisons dans plusieurs de nos villes. Nous fûmes également tenus de les entretenir en versant une rente annuelle de 500.000 écus
  • L’Escaut resta fermé.

Charles VI Duc de Marlborough
Charles VI 
Source: Wikipedia 
Le duc de Marlborough  
Source : Histoire illustrée de la Belgique, p. 123


Tout en reconnaissant l’indivisibilité de leur territoire, le Traité de la Barrière amena les Pays-Bas, épuisés par 149 années de guerres presque consécutives, à leur plus profond degré d’abaissement.

Fin de la période espagnole