Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

L’Union des Oppositions


Le régime constitutionnel établi par Guillaume 1er avait fini par provoquer la naissance en Belgique de 2 partis : les Catholiques et les Libéraux.

Les Catholiques

L’opinion catholique comprenait presque la totalité du peuple belge. Dirigée par un clergé actif et militant, elle englobait :

  • La classe rurale
  • Les milieux d’artisans et de petits négociants
  • Une notable fraction de la bourgeoisie et de la noblesse

Elle était spécialement puissante en pays flamand et avait pour programme le maintien de l’autorité de l’Eglise sur les consciences. Traditionnaliste et régionaliste, elle préférait les initiatives privées et décentralisées à celles de l’Etat qui devrait se borner à veiller au respect de l’ordre, de la propriété et des lois.

Les catholiques de la jeune génération réclament non seulement la liberté de l’enseignement mais aussi les libertés de presse et d’association.

Les Libéraux

L’opinion libérale avait rencontré ses premiers adhérents parmi les hauts fonctionnaires et magistrats du temps de Joseph II, puis de Napoléon. Ils étaient férus des droits de l’Etat autoritaire, centralisé, laïque, ennemis des privilèges de classe, plaçant tous les citoyens sur un pied d’égalité devant la loi. Les libéraux se recrutaient dans les milieux intellectuels des grandes villes et dans les agglomérations industrielles. On y trouvait

Louis de Potter
Louis De Potter

Source : Histoire de la Belgique 
en mots et en images, p. 34

  • Des avocats
  • Des professeurs
  • Des magistrats
  • Des notables enrichis par les spéculations financières, par le haut négoce, la production manufacturière et d’autres entreprises capitalistes.

Au début, Guillaume 1er avait été considéré avec faveur par les libéraux belges qui suivaient avec attention sa politique anticléricale. Mais à partir de 1827, une nouvelle élite de jeunes gens formés dans les lycées impériaux et dans les universités avait appris à connaître les nouvelles doctrines du libéralisme européen. Certains parmi eux siégeaient au Parlement ; d’autres étaient devenus avocats ou journalistes.

Les libéraux se battaient d’abord pour la liberté de la presse inscrite dans la Constitution mais non respectée par le gouvernement. Ils comptaient dans leurs rangs un certain Louis de Potter qui ne tardera pas à jouer un rôle de premier plan dans l'avenir de ce qui allait bientôt devenir le royaume de Belgique.

Qui était Louis de Potter ?

Louis naquit en 1786, à peine trois ans avant la Révolution Brabançonne, alors que le territoire "belge" était sous la coupe des Habsbourg d'Autriche. Lorsque les troupes françaises occuperont le pays à leur tour, il décidera de se réfugier à l'étranger afin d'échapper à la conscription napoléonienne. De nombreux voyages le conforteront dans les idées révolutionnaires qui commençaient à germer dans son esprit. Ce sera aussi l'occasion pour lui de se tisser un réseau de relations qu'il saura utiliser en temps utiles.

De retour à Bruxelles, le journaliste qu'il était devenu mettra sa plume et sa fortune personnelle au service d'un patriotisme belge naissant. Le succès ne tardera d'ailleurs pas à être au rendez-vous et ses articles se vendront comme des petits pains. Comme il fallait s'y attendre, cette prose virulente n'eut pas l'heur de plaire à tout le monde et le courageux visionnaire sera condamné successivement à la prison puis à l'exil.

Mais le ver était dans le fruit et le vent de la révolution ne tardera pas à souffler sur Bruxelles. Nous aborderons ce sujet dans le chapître intitulé "1830 - chronique de la Revolution Belge". Louis se fera alors un devoir de rentrer au pays pour participer activement à ces événements qu'il avait si hardiment appelés de ses voeux. Pour l'heure, n'anticipons pas encore ...

(Avec l'aimable collaboration de Nicolas de Potter, auteur de "Louis de Potter, Révolutionnaire belge de 1830". Couleur Livres)

L’union fait la force !

Les pétitions
Les pétitions

Source : Histoire de la Belgique 
et de son expansion coloniale, p. 538

L’agitation provoquée en 1828 par les poursuites intentées contre plusieurs journalistes et l’action de rapprochement mutuel des libéraux modérés et des catholiques libéraux aboutirent à la création de l’Union des Oppositions. Ils s’allièrent dans les grandes villes pour lutter contre la politique royale et obtenir des réformes libérales.

Dans une première pétition, qui recueillit 70.000 signatures, les unionistes revendiquaient :

  • La liberté de presse
  • La liberté d’enseignement
  • La liberté de langue
  • La liberté de réunion et d’association
  • Une réforme fiscale
  • Une réforme du système électoral permettant aux Belges d’être représentés plus équitablement.

En 1829, une deuxième pétition, qui réunit 360.000 signatures, exigea la responsabilité ministérielle et donc l’instauration d’un régime réellement parlementaire.

Guillaume 1er fit quelques concessions mais rejeta le projet de réforme dans sa partie essentielle. Il multiplia, par ailleurs, les procès de presse.

Les Belges n’étaient pas parvenus à obtenir gain de cause par la voie pacifique … il ne leur restait plus qu’à faire fléchir les Hollandais par la révolution ...

Régime hollandais