Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Un début de règne difficile


Après avoir composé son premier ministère, le Roi quitta Bruxelles pour visiter son royaume et se montrer à la population. Alors qu’il faisait sa Joyeuse Entrée à Liège, une nouvelle grave tomba : le roi Guillaume 1er de Hollande avait brusquement dénoncé l’armistice et son armée avait franchi la frontière sans le préavis d’usage.

Guillaume 1er des Pays-Bas Attaque hollandaise de 1831
Guillaume 1er   
Un passé pour 10 millions de Belges, p. 92
Attaque hollandaise d’août 1831  
Histoire de Belgique en mots et en images, p. 46


Alors que le peuple, toujours sous l’emprise de sa victoire en septembre 1830, s’exaltait à la pensée d’une courte campagne et d’une victoire facile, le Roi s’était rendu compte de la situation déplorable de l’armée, insuffisante en nombre, indisciplinée, manquant d’armes, de vivres et de munitions. Il savait que la partie qui venait de s’engager avait son trône pour enjeu. L’unique chance d’échapper au désastre et à la restauration des Nassau résidait dans l’intervention militaire des puissances qui avaient garanti l’indépendance de la Belgique. Le roi prit alors la responsabilité d’appeler à l’aide. L’Angleterre mobilisa sa flotte et la France répondit en envoyant une armée de 50.000 hommes. Après 10 jours, les Hollandais craignant des complications diplomatiques se retirèrent.

La Belgique était sauvée mais la campagne hollandaise n’en constituait pas moins un échec moral : aux yeux de l’Europe, les Belges avaient révélé leur incapacité de se défendre contre un voisin et donc de constituer une barrière solide contre d’éventuelles idées d’invasion françaises …

Territoires cédés par la Belgique
Territoires cédés

Source : Histoire de la Belgique 
en mots et en images, p. 47

Les termes de la séparation avec la Hollande n’ayant toujours pas été signés, le Traité des XXIV articles du 14 octobre entendait régler définitivement la question des limites et des dettes. Ce traité apparaissait comme le châtiment des vaincus puisque la Belgique dut renoncer :

  • A la Flandre Zélandaise
  • Au Limbourg oriental
  • A la partie germanophone du Luxembourg.

La Hollande, par contre :

  • Resta maîtresse des bouches de l’Escaut et put percevoir un droit sur les navires entrant à Anvers
  • Réussit à faire payer à la Belgique la moitié de la dette publique de l’ancien royaume des Pays-Bas, ce qui imposait aux Belges une rente annuelle de 8.400.000 florins !

Encore une fois, Guillaume 1er refusa d’adhérer au Traité des XXIV articles. Il ne désarma pas et maintint sa garnison dans la citadelle d’Anvers.

Confronté à cette situation et désireux de rétablir son honneur, Léopold 1er va faire parler son génie militaire et diplomatique afin d’ôter aux Hollandais toute envie de restauration. Il commença par organiser solidement l’armée belge :

  • Il renvoya les officiers incapables ou indignes
  • Il fit acheter du matériel moderne
  • Il fit appel à des instructeurs français et polonais pour renforcer les cadres.
Louise-Marie d'Orléans
Louise-Marie d’Orléans

Source : Chronologie de la Belgique  
de 1830 à nos jours, p. 56

Conscient du secret dessein de la France d’annexer tout ou partie de la Belgique, Léopold 1er demanda en mariage la fille du roi des Français. La manœuvre était habile : devenu le beau-père du roi des Belges, Louis-Philippe devenait son allié et devait abandonner toute idée d’annexion qui entraînerait le détrônement de sa propre fille. Pris au piège, le roi de France tenta, dans un premier temps, de faire traîner les choses mais finit par donner sa fille Louise-Marie d’Orléans à Léopold 1er.

Les effets du mariage ne tardèrent pas à se faire ressentir. Rassurée sur les intentions de la France désormais neutralisée, l’Angleterre autorisa le siège d’Anvers par une armée française et mis elle-même le blocus devant les ports hollandais. Anvers fut libérée après 19 jours et 19 nuits de bombardements intenses. Léopold 1er avait gagné sa partie de poker diplomatique, ses ministres n’intervenant que pour exécuter ses ordres.

Il faudra cependant attendre 1839 pour que Guillaume 1er accepte de signer le Traité des XXIV articles. Léopold 1er essaya en vain de faire modifier ses clauses afin de garder le Limbourg et le Luxembourg, mais il dut s’incliner.

Le 19 avril 1839, le Traité de paix avec la Hollande fut signé.

Règne de Léopold 1er