Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

André Grétry

André Grétry


Compositeur originaire de Liège, André-Ernest-Modeste Grétry fut l’un des musiciens les plus prisés au 18e siècle. Ses débuts en France ne furent pourtant pas faciles car sa musique se prêtait davantage à l’italien qu’au français, mais à force de persévérance et de travail son talent finit par être unanimement applaudi.

L’académie de musique de Liège porte son nom.

Maison natale de Grétry
Maison natale de Grétry

Source : Wikipedia – Flamenc

Sa jeunesse

André Grétry naît à Liège le 8 février 1741 dans une famille où l’on est musicien de père en fils :

  • Son grand-père joue du violon pour faire danser les paysans
  • Son père donne des leçons de musique et occupe la place de violon principal à la collégiale de Saint-Martin à Liège
  • Quelques membres de la famille forment un petit ensemble orchestral et se produisent aux processions, fêtes patronales et aux bals populaires.

Le jeune André, quant à lui, manifeste peu de dons pour la musique. Il est timide et peine à s’imposer dans la chorale où l’a inscrit son père. A l’adolescence, alors que sa voix mue, il commet l’imprudence de continuer à chanter dans des tonalités aiguës et vomit du sang. Cette incommodité amène le jeune homme à renoncer au chant et à s’orienter vers la composition.

Impatient d’écrire ses propres symphonies, André néglige les cours de clavecin et d’harmonie que lui fait donner son père. Ses premières œuvres juvéniles lui permettent d’obtenir une bourse pour se rendre à Rome, au collège Darchis, où les jeunes artistes liégeois bénéficiaient du gîte et du couvert pendant 5 ans. Alors âgé de 18 ans, Grétry entreprend le voyage à pied …

Le Père Martini
Le Père Martini

Source : Wikipedia

A Rome !

Arrivé à Rome, André se met à la recherche d’un maître de musique et choisit Casali, maître de chapelle (maestro di cappella) de Saint-Jean-de-Latran. Il lui enseigne à nouveau les bases de la composition et lui fait écrire quelques fugues. Il encourage son élève à assister aux représentations d’opéras qui s’avéreront, plus tard, avoir eu une grande influence sur la destinée du compositeur. Mais, une nouvelle fois, Grétry est incapable de se plier à une discipline rigoureuse ; Casali le congédie et lui conseille de travailler seul.

Grétry se met sérieusement à la composition et se familiarise avec le style de l’opéra-bouffe qui oriente définitivement sa carrière. Les symphonies et pièces lyriques qu’il compose sont exécutées avec succès à Rome et lui valent l’honneur d’être choisi, à l’occasion du carnaval de 1765, pour mettre en musique un intermezzo intitulé « La Vendemmiatrice » qui obtient un franc succès et dont un air fut bissé !

Le célèbre Père Martini (futur maître de Mozart), l’aide à passer l’examen de la prestigieuse « Accademia dei Filarmonici di Bologna ».  Six quatuors pour cordes et un concerto pour flûte seront encore composés en Italie mais, dans le plus grand secret, Grétry se met à rêver de Paris …

Un crochet par Genève

Le 1er janvier 1767, après avoir séjourné près de 8 ans à Rome, Grétry prend la décision de partir en France. Mais, les finances venant à manquer, il est contraint de s’arrêter à Genève, en Suisse, où il donne quelques leçons de musique et de clavecin en vue de remplir son escarcelle. Il n’y restera que quelques mois.

Voltaire habite alors à Ferney. Le vieux philosophe accepte de rencontrer le jeune compositeur et lui accorde son amitié et son estime. Les 2 hommes ont de longues conversations sur la prosodie et le chant à l’issue desquelles Voltaire conseilla à Grétry de ne pas tarder à se rendre à Paris. Aussitôt dit, aussitôt fait …

Le comte de Creutz
Le comte de Creutz

Paris, la ville lumière !

Bénéficiant des nombreuses recommandations de Voltaire, Grétry est rapidement introduit auprès de personnages susceptibles d’aider au succès de sa carrière. Mais sa musique ne convainc pas car elle ne ressemble pas du tout à ce qui se donne alors à l’Opéra de Paris ; elle est d’un genre trop nouveau pour être comprise à la fois par les exécutants et par les auditeurs.

Heureusement le comte de Creutz, ambassadeur de Suède en France, ne partage pas l’opinion générale et prend Grétry sous son aile. Il lui obtient un livret de Marmontel, « Le Huron » d’après « L’Ingénu » de Voltaire, puis, 6 mois plus tard, « Lucile » où l’on retrouve le célèbre « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ». Cette fois, le succès est au rendez-vous.

Sa carrière musicale

Grétry décoré de la Légion d’Honneur
Grétry décoré de la Légion d’Honneur

Source : www.larousse.fr/encyclopedie

Grétry écrit ensuite 2 à 3 opéras par an qui sont donnés à la Cour en avant-première avant d’être joués dans diverses villes de France, à Bruxelles, en Allemagne, en Italie, en Suède et en Russie.

La comédie-ballet « Zémire et Azor » connaît un tel succès, que Grétry obtient une rente royale ! En 1774, la reine Marie-Antoinette en fait son maître de clavecin et le directeur de sa musique particulière. A la Révolution Française, il perd tout naturellement la rente royale. L’un des airs de « Richard Cœur de Lion » deviendra le signe de ralliement des royalistes : « Ô Richard, Ô mon roi, l’univers t’abandonne ».

Grétry, adulé depuis de nombreuses années, ne succombe pas à la Terreur. Ami intime de Rouget de Lisle et de Beaumarchais, il sert rapidement la propagande révolutionnaire. Il devient le protégé de Napoléon qui le décore Chevalier de la Légion d’Honneur en 1802 et Chevalier de l’Empire en 1808. Encore une fois, l’adaptation de l’un de ses airs deviendra un chant militaire populaire, au sein de la Grande Armée cette fois-ci : « La Victoire est à nous » (tiré de « La Caravane du Caire ») sera notamment entonné lors de l’entrée à Moscou.

Son œuvre

Grétry laissa un nombre d’œuvres considérable parmi lesquelles on recense :

  • plus de 50 opéras et opéras-comiques
  • des romances
  • des hymnes et chants révolutionnaires
  • de la musique instrumentale (ballets, prologues, 1 concerto pour flûte, 6 quatuors)
  • des œuvres sacrées (De Profundis, Requiem)

Nous n’allons pas énumérer chacune de ces œuvres ; nous nous contenterons d’en épingler quelques-unes parmi les plus significatives :

AnnéeOeuvre

1765

La Vendemmiatrice

1768

Les Mariages samnites

1768

Le Huron

1769

Lucile

1771

Zémire et Azor

1773

La Rosière de Salency

1775

La Fausse Magie

1778

L’Amant jaloux

1780

Andromaque

1782

Colinette à la Cour ou la Double Epreuve

1783

La Caravane du Caire

1784

Richard Cœur de Lion

1791

Guillaume Tell

1794

Diogène et Alexandre


 

Grétry - L'Amant jaloux

Grétry - Zémire et Azor

Grétry - Ouverture de Guillaume Tell

Représentation de « L’Amant Jaloux »
à l’Opéra-Comique

Représentation de « Zémire et Azor »
à l’Opéra-Comique

Ouverture de Guillaume Tell
Couverture de la partition


Mais Grétry se consacre également à l’écriture de textes littéraires. On lui doit notamment :

  • Mémoires ou essai sur la musique (3 volumes)
  • De la Vérité : ce que nous fûmes, ce que nous sommes, ce que nous devrions être
  • Méthode pour apprendre à préluder
  • Les Réflexions d’un Solitaire (8 volumes)

Grétry - Mémoires

Mémoires ou Essai sur la Musique
(Edition originale)

Une fin de vie paisible

Tout à sa gloire, Grétry n’a jamais oublié sa vieille cité de Liège où il a conservé de nombreuses relations. Il y est revenu après de longues années d’absence et y a été reçu avec la plus vive sympathie.

A partir de 1803, le compositeur réside de plus en plus souvent à Montmorency dans sa propriété de l’Ermitage. Il y meurt le 24 septembre 1813 à l’âge de 72 ans. Plus de 30.000 personnes ont assisté à ses funérailles ; l’immense cortège s’est arrêté successivement devant l’Opéra et l’Opéra-Comique pour y écouter des extraits de l’œuvre de Grétry.

Suivant ses volontés, il est inhumé au cimetière du Père Lachaise à Paris, mais son cœur sera rapatrié dans sa ville natale de Liège en 1842 et déposé dans sa statue en face de l’Opéra Royal de Wallonie.

Tombe de Grétry au Père Lachaise

Statue de Grétry à Liège

Tombe de Grétry au Père Lachaise
Source : Wikipedia

Statue de Grétry à Liège
Source : Wikipedia - Belgavox

 

Hommages

C’est bien sûr à Liège qu’ils sont les plus nombreux en Belgique :

  • L’Académie de Musique de Liège porte le nom du compositeur
  • Une rue lui est dédiée ainsi qu’à Bruxelles
  • Sa maison natale a été transformée en musée
  • Sa statue se trouve en face de l’Opéra Royal de Wallonie
  • En 1980, il figure sur le billet de 1.000 francs belges.

Effigie de Grétry sur billet de 1.000 BFr

Effigie de Grétry sur le billet de 1.000 BFr

 

Contexte historique :

Quelques célébrités belges