Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Adolphe Sax

 Adolphe Sax

Facteur et inventeur d’instruments, Adolphe Sax incarne parfaitement l’esprit d’entreprise du 19e siècle. Il est l’une des figures les plus marquantes de la facture des instruments à vent de ce siècle et est surtout connu pour avoir inventé le saxophone.

L’homme

Charles Joseph Sax
Le père d'Adolphe Sax  

Source : http://mediatheque.cite-musique.fr

Tout commence à Dinant, petite ville blottie contre une falaise sur la rive droite de la Meuse.

Le 6 novembre 1814, Antoine Joseph Sax, dit Adolphe Sax, voit le jour en tant que premier des 11 enfants de Charles Joseph Sax, facteur d’instruments, réputé pour la fabrication des cuivres mais aussi de bois, de violons et de guitares. Il apporte également diverses améliorations à la harpe et au piano.

C’est donc dans un milieu musical que le jeune Adolphe grandit et fait ses premières expériences. Il fait ses études au Conservatoire de Bruxelles et s’initie à la facture instrumentale dans l’atelier paternel. Héritier de l’esprit inventif de son père, il épouse ses théories fondées sur le rapport des proportions du tube des instruments à vent. En 1830, alors qu’il n’est âgé que de 15 ans, il présente deux flûtes et une clarinette en ivoire au Concours Industriel de Bruxelles. Quelques années plus tard, en 1838, il apporte des améliorations significatives à la clarinette-basse qui bénéficia d’un son plus harmonieux et put de ce fait être intégrée au groupe des instruments à vent.

Un début de carrière tourmenté

Un incident éclata à la Grande Harmonie de Bruxelles. Un clarinettiste jaloux, habitué à l’ancien modèle de la clarinette-basse, menaça de quitter l’orchestre si celui-ci imposait la clarinette de Sax. Adolphe défia alors son antagoniste à un duel musical au cours duquel chacun interpréterait l’œuvre avec son instrument. Le résultat fut sans appel : un triomphe pour la clarinette de Sax. Deux sommités musicales françaises étaient présentes dans la salle ce jour-là ; elles furent impressionnées par la performance d’Adolphe :

  • François Antoine Habeneck, violoniste, compositeur et chef d’orchestre
  • Jacques-Fromental Halévy, compositeur réputé

François-Antoine Habeneck Jacques-Fromental Halévy
François-Antoine Habeneck  
Source : Wikipedia
Jacques-Fromental Halévy  
Source : Wikipedia


Quoique le centre de ses activités soit la Belgique, Adolphe Sax devint de plus en plus connu dans les centres musicaux européens. Un jour, il reçut une lettre de Jacques-Fromental Halévy : « Hâtez-vous de terminer votre nouvelle famille d’instruments et venez en aide aux pauvres compositeurs qui cherchent du nouveau et au public qui en demande ». Le ton amical de la lettre convainquit Sax de l’estime du monde musical français et le conforta dans l’idée de tenter l’aventure parisienne.

Quelques mois plus tard, Sax débarqua à Paris avec de grandes ambitions.

Un ami fidèle : Hector Berlioz

A Paris, il présente le saxophone à Hector Berlioz qui s’intéresse énormément à la nature des timbres. Impressionné par la sonorité de ce nouvel instrument, le compositeur écrira un article dans le très intellectuel « Journal des Débats » du 12 juin 1842. Il y souligne, entre autres : « Elle (la sonorité) est de telle nature que je ne connais pas un instrument actuellement en usage qui puisse, sous ce rapport, lui être comparé. C’est plein, moelleux, vibrant, d’une force énorme, et susceptible d’être adouci ». Berlioz confirmera son admiration pour l’instrument en composant la toute première œuvre avec saxophone ; il s’agit du « Chant Sacré » pour sextuor à vent.

Hector Berlioz
Hector Berlioz  

Source : Wikipedia

Dès leur première rencontre, une amitié sincère naît entre Berlioz et Sax. De caractère et de tempérament identiques, les deux hommes affichent le même enthousiasme pour le romantisme pathétique et la combattivité mais ils partagent également les mêmes défauts : tous deux sont querelleurs, vaniteux et soupçonneux quant aux intentions des autres.

Grâce à l’appui de Berlioz et à celui de François-Antoine Habeneck, Sax est propulsé dans le monde musical parisien. Encouragé, il va mettre au point une famille complète de 7 saxophones (voir ci-dessous) et, en 1846, faire breveter son invention. Il déclare à cette occasion : « On sait que, en général, les instruments à vent sont ou trop durs ou trop mous dans leur sonorité. […] J’ai voulu créer un instrument qui par le caractère de sa voix pût se rapprocher des instruments à cordes, mais qui possédait plus de force et d’intensité que ces derniers ».

Mais la vie parisienne s’avéra également parsemée d’embûches. Victime de son talent et de la jalousie de concurrents et d’artistes médiocres, Sax sera entraîné dans une interminable chaîne de procès qui finirent par le ruiner. Tout au long de ce parcours du combattant, Berlioz sera à ses côtés pour l’encourager et le soutenir à l’aide de ses articles.

D’autres personnalités apprécieront ouvertement l’œuvre de Sax :

  • Le roi Louis-Philippe
  • L’empereur Napoléon III qui le sauva un jour de la faillite
  • Le général de Rumigny, ambassadeur de France en Belgique
  • Daniel-François Auber, compositeur du fameux opéra « La Muette de Portici » qui déclencha la Révolution belge de 1830
  • Le grand compositeur italien Gioachino Rossini

Le saxophone

Entre 1838 et 1840, Adolphe Sax commence ses premières recherches pour la création d’un nouvel instrument qui le rendra célèbre ; il lui donne son nom : le saxophon (nom initial).

Le principe du saxophone réside dans l’affectation d’une anche simple à un tube de perce conique. L’instrument est en cuivre et se compose de 5 parties :

  • Le bec sur lequel se fixe l’anche
  • Le bocal
  • Le corps
  • La culasse
  • Le pavillon

 

Les 5 parties du saxophone L'anche
Les 5 parties du saxophone   L'anche  

Les saxophones
De gauche à droite : L'alto, le ténor, le baryton - Couché : le soprano  

 
Quoique l’instrument soit en cuivre, le saxophone appartient à la famille des bois en raison de son anche en roseau.

 La famille des saxophones comporte 7 membres :

  • Le sopranino
  • Le soprano
  • L’alto
  • Le ténor
  • Le baryton
  • La basse
  • La contrebasse.

Seuls le soprano, l’alto, le ténor et le baryton, dont la réunion forme le quatuor de saxophones, sont actuellement d’un usage courant. Le saxophone-basse est utilisé dans les musiques militaires.

Les honneurs et les hommages

Malgré les nombreux conflits et désagréments auxquels il doit faire face tout au long de sa carrière, Adolphe Sax est récompensé à maintes reprises :

  • Il obtient de nombreuses médailles et diplômes aux expositions de l’industrie française et, plus tard, aux expositions universelles
  • Il reçoit la légion d’honneur
  • Il acquiert le titre de directeur de la musique particulière de Napoléon III et devient le facteur de la maison militaire de l’empereur
  • En 1857, il dirige la classe de saxophone au Conservatoire de Paris
  • En 1869, il reçoit la grande naturalisation française
  • De 1875 à 1890, il est directeur de la musique à l’Opéra et à l’Opéra Comique.

 En Belgique, et en particulier à Dinant, plusieurs hommages lui sont rendus :

  • Sur une place dinantaise, un saxophone géant se dresse au pied d’une fontaine
  • "La Maison de Monsieur Sax", est un centre d'interprétation interactif de la vie et de l'oeuvre de l'inventeur du saxophone. Devant l'entrée, une statue-banc invite le visiteur à tenir compagnie à Adolphe Sax, le temps d’une photo souvenir
  • Dans le cadre de l'exposition urbaine "Art on Sax", le pont Charles de Gaulle a été doté de 27 saxophones géants aux couleurs des pays européens
  • En 1996, un billet de 200 francs est dédié à l’inventeur du saxophone.


Le saxophone géant à Dinant La Maison de Monsieur Sax Le pont Charles de Gaulle Billet de 200 francs
Le saxophone géant à Dinant  

La Maison de Monsieur Sax

Source : http://sax.dinant.be

Le pont Charles de Gaulle   Billet de 200 francs  

La fin d’une vie consacrée à la musique

Ruiné, Sax vécut la fin de sa vie dans la pauvreté et fut hébergé dans une modeste pension mise à sa disposition par le gouvernement français. Il meurt à l’âge de 80 ans et est inhumé au cimetière de Montmartre.

Ses fils continueront d’exploiter pendant quelques temps l’usine paternelle mais seront contraints de la vendre en 1928.

Contexte historique :

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