Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Georges Rodenbach

Georges Rodenbach


Georges Rodenbach est un poète symboliste et un romancier flamand francophone de la fin du 19e siècle. Il a inauguré un phrasé poétique inséparable d’une thématique restreinte : canaux, lieux clos, brouillard, villes mortes, béguinages, …

Georges Rodenbach
Le jeune Georges Rodenbach

Sa jeunesse

Issu d’une famille aristocratique flamande d’origine allemande, ce qui explique son nom, Georges Rodenbach naît à Tournai le 16 juillet 1855. Quelques mois après sa naissance, ses parents s’installent à Gand et Georges y résidera pendant son enfance et son adolescence.

Il fait de brillantes études au Collège Sainte-Barbe où il rencontre et se lie d’amitié avec Emile Verhaeren, puis il effectue avec succès des études de droit à l’université de Gand. Reçu docteur en droit, il exercera pendant 2 ans la profession d’avocat à Bruxelles.

Sa famille

Les membres de la famille de Georges Rodenbach occupent des emplois en vue :

  • Le grand-père paternel est « vénérable » de la loge maçonnique brugeoise « La Réunion des Amis du Nord », dissoute en 1832. Il est chirurgien et député ; il fait partie des fondateurs de la Belgique.
  • Le père est fonctionnaire au ministère de l’Intérieur où il est vérificateur des poids et mesures.
  • Son grand-oncle Alexandre est le créateur de la brasserie Rodenbach à Roulers (Roeselare) ; une bière hommage de la brasserie s’appelle Alexander Rodenbach en honneur de son fondateur.
  • Son cousin, Albrecht Rodenbach, s’est fait le chantre de la langue flamande et d’une émancipation de la Flandre.

Bière Alexander Rodenbach

Chants d'Albrecht Rodenbach

Bière Alexander Rodenbach

Chants d’Albrecht Rodenbach
Source : Histoire de la Belgique en
Mots et en images

L’appel de la littérature

Envoyé par son père à Paris pour y parfaire ses études, Georges Rodenbach fréquente assidûment un club littéraire. Il y nouera ses premières relations parisiennes.

En 1881, il quitte le barreau pour se consacrer à la littérature. Il participe activement au renouveau littéraire qui s’amorce autour de la revue « La Jeune Belgique » dont il devient l’écrivain le plus doué avec son ami d’enfance, Emile Verhaeren.

En 1886, « La Jeunesse blanche » lui vaut la célébrité non seulement en Belgique mais aussi en France …

A Paris !

Anna-Maria Urbain
Anna-Maria Urbain, son épouse

Rodenbach quitte la Belgique en 1888 et s’installe définitivement à Paris comme correspondant au « Journal de Bruxelles » et, un peu plus tard, comme collaborateur régulier au « Figaro ». Cette même année, il se marie avec Anna-Maria Urbain, une journaliste belge de Frameries.

A Paris, Rodenbach devient célèbre grâce à son roman « Bruges-la-Morte » (1892), un chef d’œuvre du symbolisme.

Un veuf s’établit à Bruges dont l’atmosphère s’harmonise avec sa tristesse. Il devient l’amant d’une jeune femme qui ressemble étrangement à son épouse disparue. Il s’aventure alors dans le labyrinthe des apparences, des doubles, des vraies et des fausses ressemblances et finit par étrangler sa maîtresse avec une tresse de cheveux de la morte.

Le roman paraît d’abord en feuilleton dans le Figaro entre le 4 et le 14 février 1892 avant d’être publié en juin de la même année chez Flammarion. Cet ouvrage contribue à lancer le mythe de la « Venise du Nord » et participe à la renommée de la cité flamande. L’édition, elle aussi, était originale dans la mesure où il s’agissait de l’un des premiers romans illustrés : le texte s’accompagnait de vues d’une Bruges déserte en photogravure.

En 1894, Georges Rodenbach est le premier auteur belge à voir l’une de ses œuvres, « Le Voile », mise au répertoire de la Comédie française. La même année, il est décoré de la Légion d’Honneur.

Alors qu’il était déjà malade depuis de longues années, Rodenbach publie un autre chef-d’œuvre dont l’intrigue se déroule également à Bruges : « Le Carillonneur » (1897). Il y développe les débats qui partagent la ville entre les partisans du projet « Bruges-port-de-mer » (Zeebrugge) et les défenseurs d’une ville d’art destinée à l’élite de l’humanité.

Son oeuvre

Le béguinage de Bruges
Le Béguinage de Bruges

Georges Rodenbach est le poète du silence et des intimités mélancoliques. Il aime les demi-teintes, les impressions fugitives, les rêves languissants. Ce sont ses souvenirs d’enfance, les visions des rues mortes, des canaux déserts de Bruges qui ont servi de thème, nostalgique et recueilli, à ses inspirations. Son œuvre est le reflet poétique de la vie et des paysages de la vieille Flandre.

En province

En province, dans la langueur matudinale,
Tinte le carillon, tinte dans la douceur
De l’aube qui regarde avec des yeux de sœur,
Tinte le carillon, - et sa musique pâle
S’effeuille fleur à fleur sur les toits d’alentour,
Et sur les escaliers des pignons noirs s’effeuille
Comme un bouquet de sons mouillés que le vent cueille !
Musique du matin qui tombe de la tour,
Qui tombe de très loin en guirlandes fanées,
Qui tombe de Naguère en invisibles lis,
En pétales si lents, si froids et si pâlis,
Qu’ils semblent s’effeuiller du front mort des Années !

(Le Règne du Silence - 1891)

Parmi ses œuvres, épinglons-en quelques-unes :

Recueils de poèmes

  • Le Foyer et les Champs (1877)
  • Les Tristesses (1879)
  • La Mer élégante (1881)
  • La Jeunesse blanche (1886)
  • Le Règne du Silence (1891)
  • Les Vies encloses (1896)
  • Le Miroir du Ciel natal (1898)

Romans et nouvelles

  • L’Art en Exil (1889)
  • Bruges-la-Morte (1892)
  • La Vocation (1895)
  • Le Carillonneur (1897)
  • L’Arbre (1898)

Théâtre et adaptations

  • La petite Veuve (1884)
  • Tombe de Georges Rodenbach à Paris
    La tombe de Georges Rodenbach à Paris

    Source : Wikipedia

  • Le Voile (1897).

L’œuvre de Rodenbach inspirera d’autres hommes de lettres tels que Thomas Mann, Rainer Maria Rilke, Michel de Ghelderode, Mishima, …

La mort du poète

Depuis 1895, Georges Rodenbach fait face avec beaucoup d’abnégation à des ennuis de santé. Atteint de typhlite (inflammation intestinale), il succombe le 25 décembre 1898, alors qu’il n’était âgé que de 43 ans. Il repose à Paris, au cimetière du Père Lachaise. Son monument funéraire montre le poète sortant du tombeau, une rose à la main.

Marcel Proust vouait une grande admiration au poète disparu, comme en témoignent ces quelques mots extraits d’un long message de condoléances : « Monsieur Rodenbach était pour moi un objet de sympathie, d’admiration extrêmement vive ». Il se dit même que, par son côté dandy, Rodenbach aurait été l’un des modèles de « Swann » de « A la Recherche du Temps perdu ».

 

Contexte historique :

Quelques célébrités belges