Pieter Bruegel, dit l’Ancien
Breugel, Breughel, Brueghel ou Bruegel sont autant d’orthographes différentes qui apparaissent régulièrement lorsqu’il s’agit d’évoquer cette célèbre dynastie flamande de peintres. Si vous êtes puriste, vous vous posez alors la question de savoir comment il convient d’écrire ce nom de la manière la plus correcte qui soit. Eh bien, sachez que deux orthographes sont admises ! Une histoire belge de plus ? Non, bien sûr. L’explication est en fait très simple :
- Jusqu’en 1559, Pieter l’Ancien, signe ses œuvres du nom de Brueghel
- A partir de 1559, il va signer invariablement en supprimant le « h ».
- Ses descendants, eux, n’utiliseront que le nom de Brueghel.
L’homme
Il est très difficile de se faire une idée précise sur les lieu et date de naissance de Pieter Bruegel. En l’absence de sources écrites, on en est réduit à se baser sur des conjectures en croisant certaines informations.
Bruegel serait né dans un village proche de Breda appelé, à l’époque, Bruegel. Deux courants s’opposent sur la question de connaître la localisation exacte de ce village :
- Pour les uns, il était situé dans le Brabant du nord
- Pour les autres dans le Limbourg.
Quant à sa date de naissance, elle se situerait entre 1525 et 1530, ce qui fait de Bruegel un contemporain de Charles Quint et de Philippe II.
C’est à Anvers, auprès du peintre Pieter Coecke Van Aelst que Pieter Bruegel fait son éducation artistique dans la plus pure tradition flamande. En 1551, il est reçu franc-maître de la gilde de Saint-Luc.
Pieter Coecke Van Aelst |
La Gilde de Saint-Luc |
En 1552, un voyage en Italie lui fait découvrir les antiquités grecques et romaines, les œuvres modernes, mais aussi les paysages grandioses des Alpes et de la péninsule qu’il dessine inlassablement. A son retour en 1555, il travaille à Anvers chez un éditeur de gravures avant de se fixer définitivement à Bruxelles en 1563. Il épouse Mayken, la fille de son ancien maître anversois Pieter Coecke Van Aelst. Ses 2 fils hériteront de ses dons artistiques :
- Pieter, dit Brueghel d’Enfer (1564-1638)
- Jan, dit Brueghel de Velours (1568-1625)
Pieter Bruegel l’Ancien meurt en 1569. A l’époque, sa renommée est immense, mais peu à peu sa gloire va s’estomper au point qu’aux 18e et 19e siècles il est presque oublié. Par ses grands paysages et par ses derniers tableaux il est cependant à l’origine d’un art totalement nouveau, typiquement national qui va influencer la peinture flamande pendant près d’un siècle. Aujourd’hui, il est considéré comme l’un des grands maîtres flamands de la Renaissance.
Son style
On retrouve dans les premières œuvres de Bruegel l’influence de Jérôme Bosch :
- Observation attentive de la nature
- Fourmillement de détails
- Goût du fantastique
- Choix des personnages.
Mais il témoigne également d’un profond intérêt pour la réalité quotidienne de son pays opprimé par l’Espagne, marqué par les guerres, le désordre et les dissensions religieuses. Peintre du petit peuple, Bruegel met en scène tout un monde de paysans en train de vaquer aux travaux des champs ou de festoyer après le dur labeur. Il fréquente volontiers les noces paysannes auxquelles il se fait inviter comme parent ou compatriote des époux. La description des scènes qu’il peint est empreinte de fantaisie et souvent d’une verve truculente. Ses contemporains le tenaient d’ailleurs pour un artiste éminemment comique et l’avaient surnommé « Bruegel le Drôle ».
A l’encontre d’autres peintres de l’époque, Bruegel est à peine marqué par l’art italien. Les quelques éléments qu’il emprunte aux maîtres de la Renaissance italienne, il les assimile et les adapte au style flamand.
Bruegel compose ses œuvres de manière à suggérer la profondeur, avec d’innombrables petits personnages disséminés sur un plan incliné qui fuit vers le lointain. D’admirables paysages flamands servent de décor à la scène représentée, y compris pour les grands sujets tirés de l’Histoire Sainte.
Son œuvre
Bruegel l’Ancien a été dessinateur avant d’être peintre. Ses dessins les plus anciens remontent à l’époque de son voyage en Italie et les plus récents datent de 1568. L’artiste occupe également une place de choix dans l’histoire de la gravure. Les sujets traités sont très variés :
- Des paysages alpestres et fluviaux
- Des paraboles empruntées aux Evangiles
- Des thèmes littéraires
- Des scènes folkloriques
- Des séries
Le dernier catalogue des dessins de Pierre Bruegel l’Ancien mentionne 67 dessins dont 35 étaient destinés à la gravure. Or, on a recensé 84 gravures exécutées sur des modèles de Bruegel l’Ancien, ce qui laisse donc supposer qu’un minimum de 49 dessins aient disparu.
La paresse – 1557 |
L’alchimiste - 1558 |
L’été - 1568 |
La peinture de Bruegel l’Ancien est présentée en 3 périodes :
- Les premières compositions qui fourmillent de personnages pris sur le vif
- Le cycle des « Mois » qui raconte la marche du monde selon les lois de la Nature
- Les derniers tableaux où quelques grands personnages se détachent d’un paysage qui n’est plus qu’un fond.
Une cinquantaine de tableaux sont répertoriés aujourd’hui comme étant de la main de Bruegel l’Ancien. Un grand nombre d’œuvres ont été perdues et, en outre, certains tableaux attribués jadis à Bruegel l’Ancien se sont avérés être des copies plus tardives réalisées par ses fils.
Voici, pour le plaisir des yeux, quelques unes des œuvres les plus célèbres de l’artiste. Cliquez sur la vignette pour obtenir une plus grande image.
Date | Oeuvre | |
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1558 |
La chute d’Icare |
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1559 |
Proverbes flamands |
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1559 |
Le combat de carnaval et carême |
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1530 |
Jeux d’enfants |
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1562 |
Dulle Griet (Margot la Folle) |
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1563 |
La tour de Babel |
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1564 |
L’adoration des rois mages |
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1565 |
Le trébuchet |
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1565 |
Journée sombre |
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1565 |
La fenaison |
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1565 |
La moisson |
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1565 |
Les chasseurs dans la neige |
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1566 |
Danse de la mariée en plein air |
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1568 |
Le repas de noces |
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1568 |
Les mendiants |
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1568 |
Danse des paysans |
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1568 |
La parabole des aveugles |
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