Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

La paix, puis la guerre

 

L'Entente Cordiale de 1904
L'Entente Cordiale de 1904

Source : Encyclopédie Alpha, p. 2231

De 1870 à 1914, l’Europe centrale et occidentale vécut en paix.

Les Puissances se groupèrent en alliances dans le but de maintenir l’équilibre européen. A la Triple Alliance germano-austro-italienne de 1883, s’opposa l’alliance franco-russe de 1891.

Mais le développement dynamique de l’empire allemand, son expansion économique et l’augmentation de ses forces de terre et de mer, amenèrent, en 1904, le rapprochement franco-anglais connu sous le nom d’Entente cordiale. En 1907, la Russie entra dans cette association qui prit depuis le nom de Triple Entente permanente.

Par crainte d’une agression, toutes les grandes nations et, à leur suite, les Etats secondaires, créèrent le régime de la paix armée, régime qui devait aboutir à la course aux armements.

La question du service personnel

En Belgique, les levées annuelles se recrutaient par la voie du tirage au sort, avec faculté de remplacement pour les jeunes gens favorisés par la fortune. La question avait en fait été amorcée depuis 1867. Une importante fraction de la Droite, soucieuse de ménager la main-d’œuvre agricole, prit pour prétexte que les Belges avaient « la vocation pour la neutralité » et fit échouer plusieurs tentatives de réforme de recrutement de l’armée.

Léopold II voulait réaliser l’accord patriotique des partis sur la question du service personnel :

« Nous devons empêcher qu’on ne puisse sans coup férir traverser avec des armées la Belgique. Ne pas le faire serait un véritable suicide ».

Mais son idée fut rejetée.

Pendant 20 ans, la question du service personnel languit. Le 21 mars 1902, une loi militaire porta les effectifs de guerre de 130.000 à 187.000 hommes, mais elle maintint le tirage au sort avec remplacement. Le 24 janvier 1906, la Chambre votait une loi destinée à « bannir la guerre du sol belge » par une extension considérable du système défensif d’Anvers : une triple enceinte comprenant une vingtaine de forts avancés, échelonnés sur un front de 105 km de la frontière hollandaise à la Nèthe et au Rupel.

Ce ne sera qu’en 1908 que le ministre de la Guerre reconnaîtra la faillite du volontariat. Le 14 décembre 1909, le vieux roi Léopold II pu signer, 3 jours avant sa mort, une loi militaire abolissant le tirage au sort et le remplacement. Par cette loi de 1909, le service personnel était enfin établi, mais par une dernière concession admit que le volontariat serait mis en avant et que les effectifs seraient simplement complétés par l’envoi sous les drapeaux d’un fils par famille (en principe, le fils aîné). Le service aurait une durée de 15 mois.

Dernière signature de Léopold II
Dernière signature de Léopold II

Source : Histoire illustrée de la Belgique, p. 161

La tension internationale devient tangible

L’avènement du roi Albert 1er coïncida avec un accroissement de la tension entre les Puissances européennes. Mais cette période angoissante fut cependant traversée avec confiance par le peuple belge car ses illusions étaient entretenues :

Le roi Albert 1er
Le roi Albert 1er

Source : Histoire de Belgique 
en mots et en images, p. 148

  • Par la prospérité économique du pays
  • Par la splendeur des expositions internationales de Bruxelles (1910) et de Gand (1913)
  • Par de fréquentes et nombreuses visites de souverains.

L’insuffisance des effectifs continuait cependant à préoccuper les esprits clairvoyants. Le 29 mai 1913, le Parlement votait enfin un projet de loi établissant le service général :

  • 15 à 20 mois dans l’armée active, 13 années pour l’ensemble du service.
  • La levée annuelle était portée à plus de 30.000 hommes.

Calculée de manière à sortir ses effets en 1922, cette réorganisation aurait pu donner un effectif de guerre de 345.000 hommes !

La Première Guerre mondiale

A la veille de la Première Guerre mondiale, les préparatifs militaires étaient donc loin d’être achevés. Il en était de même à Anvers, où les travaux du grand projet adopté en 1906 n’étaient pas terminés. Les canons Krupp qui devaient équiper certains forts étaient payés mais non livrés.

Faisant fi de ses engagements de 1831, l’Allemagne viola la neutralité de la Belgique le 4 août 1914 l’entraînant, pour la première fois dans son histoire nationale, dans une guerre imposée et pour laquelle elle était mal préparée. Envahie en quelques semaines et occupée presque intégralement pendant 4 années, la Belgique va opter pour de nouvelles orientations politiques après l’armistice de 1918.

Politique étrangère de la Belgique