Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

La séculaire agriculture

Paysans au 19e siècle
Paysans au 19e siècle

Source : Un passé pour 10 millions de Belges, p. 18

Dès son accession à l’indépendance, la Belgique traverse une période critique au point de vue matériel et l’agriculture subit le contrecoup de la misère générale :

  • De 1845 à 1850, une maladie de la pomme de terre réduit la récolte annuelle de 87% et provoque en Flandre une disette affreuse. Léopold 1er et Charles Rogier n’épargnèrent aucune peine pour enrayer ce désastre.
  • Entre 1884 et 1914, la classe rurale profite quelque peu du fait que le pouvoir soit resté aux mains du parti catholique. Entre 1887 et 1895, il vote des mesures à tendance protectionnistes introduisant de légers droits d’entrée à l’importation du bétail, de la viande, du beurre et de l’avoine.
  • Grâce à une forte organisation de coopératives de production, de caisses de crédit, de sociétés d’assurances, les agriculteurs sont à même d’obtenir un rendement supérieur avec un minimum de risques.
  • Le gouvernement veille à répandre la connaissance des machines agricoles, des engrais chimiques et des méthodes de culture les plus rationnelles. Il crée :
    • en 1860 l’Institut Agricole de Gembloux,
    • en 1875 le Corps des agronomes de l’Etat.

Par des foires, des concours, des expositions de produits agricoles, l’émulation est entretenue parmi les agriculteurs et les éleveurs. La Belgique devient le pays le mieux cultivé et le plus productif de l’Europe.

Le travail aux champs
Le travail aux champs

Source : Chronologie de la Belgique  
de 1830 à nos jours, p. 72

Au début du 20e siècle, la grande culture est assez rare et les terres de plus de 30 hectares sont peu nombreuses. Sur les 944.000 hectares de bonnes terres qu’accuse la Belgique, 48% sont divisés en lots de 1 à 3 hectares. La hiérarchie rurale comprend :

  • Des hobereaux, de riches propriétaires bourgeois, mettant eux-mêmes leurs terres en valeur
  • La masse des paysans locataires de petits lots
  • La catégorie des ouvriers agricoles, parmi lesquels beaucoup de tâcherons allant, chaque année, faucher les récoltes en France.

Bien qu’employant 1.102.000 cultivateurs, l’agriculture souffre d’un manque de bras :

  • par suite des progrès de l’industrie à domicile
  • à cause de la séduction exercée sur les hommes des champs par les salaires de la grande industrie.

Les champs de pommes de terre couvrent 190.000 hectares et suffisent à l’alimentation de toute la population et du bétail. Alors que la production des céréales avait été fort rémunératrice, à partir de 1880 les importations de blés américains provoquent une grosse crise. Les agriculteurs doivent alors orienter leur activité vers la culture des plantes légumineuses, des plantes fourragères et de la betterave sucrière (60.000 hectares).

A côté de l’agriculture, l’industrie laitière, l’aviculture, l’élevage donnent de gros bénéfices. La race des chevaux brabançons s’exporte vers l’Allemagne et les Etats-Unis. L’exportation chevaline rapporte à elle seule plus de 30 millions de francs annuellement.

La Première Guerre mondiale n’a pas longtemps ralenti la production agricole dans les régions non dévastées. A l’armistice :

  • la classe rurale possédait d’importants capitaux
  • la motoculture allait suppléer à la diminution de la main-d’œuvre tombée sur le champ d’honneur
  • la loi du « bail à ferme » du 20 juin 1930 permit au cultivateur de récolter le bénéfice de son travail.

A la veille de la Deuxième Guerre mondiale, l’agriculture prend un élan extraordinaire élevant au quadruple les chiffres de sa production : l’élevage, la culture de la betterave sucrière, la culture intensive des fruits et légumes de choix, la production de la pomme de terre constituent les éléments essentiels de l’agriculture belge.

Au sortir de la guerre, la Belgique restait un pays de cultures parcellaires (1 à 5 ha), exploitées par de petits propriétaires ou des fermiers. Le rendement était notablement augmenté par l’amélioration des engrais chimiques.

Drapeau européenA partir de 1957, l’adhésion de la Belgique au Traité de Rome plaça l’agriculture sous l’aile de la politique agricole commune qui, par un système de subventions et de régulation de la production allait désormais présider aux destinées des agriculteurs belges.

Toutefois, dès la deuxième moitié du 20e siècle, le nombre des agriculteurs ne cessa de baisser. Des hausses de prix leur avaient été accordées mais elles ne compensaient pas les revenus insuffisants des fermiers d’exploitations modestes accablés par les dettes qu’ils avaient été obligés de contracter pour la modernisation de leur matériel. Ainsi, en 1947, l’agriculture occupait encore 12% de la population alors qu’en 2001 elle se limitait à 2,1%.

Essor économique de la Belgique