Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

L’industrie


La perte du marché hollandais avait porté, en 1831, un coup terrible à la jeune industrie belge.

Cependant, la prospérité des établissements Cockerill et la création des premiers chemins de fer, vont provoquer l’afflux de nombreux capitaux dans les entreprises industrielles. Par ailleurs, le triomphe du machinisme va, lui aussi, donner un essor nouveau à l’industrie

  • En 1830, l’industrie employait 400 machines à vapeur
  • En 1913-1914, elle en utilisera 28.000.

En 1914, 3.250.000 personnes vivaient de l’industrie en Belgique, soit 43% de la population. Après la Première Guerre mondiale, le monde de la grande industrie va intensifier la production.

Première locomotive Cockerill Travail dans l'industrie
Première locomotive “Cockerill”  
Chronologie de la Belgique de 1830 à nos jours
Travail dans l’industrie  
Un passé pour 10 millions de Belges


Soulignons enfin que, outre le fait que le développement industriel a provoqué une extension considérable des centres d’habitation ouvriers, il a également eu pour effet de générer des grands déplacements de travailleurs. Par suite des tarifs ferroviaires à bon marché, le nombre des ouvriers, surtout flamands, allant travailler dans les mines et les usines du Hainaut, dépassait les 100.000 par jour.

Les industries textiles

Usine textile
Usine textile

Source : Histoire de Belgique en mots et en images, p. 64

La Flandre orientale est restée le centre de l’industrie cotonnière et linière. Gand et les petites villes de Wetteren, Termonde, Saint-Nicolas, Renaix, etc., possèdent des filatures et des tissages de coton où l’on fabrique des cretonnes, des cotonnettes, des coutils et des satins. A Gand et dans la région de Courtrai-Izegem, se fabriquent également les fines toiles de lin, les batistes et les linons.

A l’autre extrémité du pays, Verviers est demeuré le centre de l’industrie lainière. En 1878, la construction du barrage de la Gileppe avait facilité le lavage des laines dans la vallée de la Vesdre. Dans la cuvette s’étendant de Limbourg à Ensival se confectionnent toutes les variétés de draps lourds, de casimirs (draps légers en laine fine) et d’étoffes de fantaisie.

Le tissage n’échappe pas à la mécanisation et le travail à domicile périclite dans les campagnes. Quelques activités résistent cependant :

  • La bonneterie
  • La confection
  • La fabrication de dentelles
  • La ganterie

Les industries extractives

Le charbon

Il approvisionne à la fois les industries locales et l’exportation vers la France. Vers 1860, il sera concurrencé par les charbons anglais et, vers la fin du 19e siècle, par les charbons allemands.

La production atteint son apogée entre 1850 et 1873 grâce à la modernisation des équipements. Les charbonnages bénéficient de la collaboration d’ingénieurs très attentifs aux perfectionnements technologiques. Parmi eux figurent :

  • Abel Warocqué qui met au point la « warocquère » pour la descente des mineurs.
  • Evence Coppée, fondateur d’une dynastie d’ingénieurs industriels et inventeur du « four à coke Coppée ».

Au 19e siècle, les houillères se situent principalement dans les régions :

  • Du Borinage
  • Du Centre (région de La Louvière)
  • De la Basse-Sambre
  • Du pays de Liège

En 1913, ces 4 bassins occupaient 145.000 ouvriers des 2 sexes et produisaient par an 23,5 millions de tonnes de charbon. La Belgique figurait au 6e rang des Etats charbonniers, sans compter le gigantesque bassin de charbons gras de la Campine (premiers forages entrepris en 1912).

Jusqu’avant la Deuxième Guerre mondiale, l’industrie charbonnière était florissante. Après la guerre, elle entama sa lente descente aux enfers :

  • Ses réserves s’épuisent
  • Les exploitations vieillissent
  • Le prix de revient du charbon belge est très élevé
  • La concurrence étrangère s’intensifie

Malgré la création de la CECA en 1951, la production houillère ne cesse de diminuer. Le bassin wallon est touché en premier lieu par la crise du charbon. A partir de 1960, les charbonnages campinois subiront le même sort, seul le siège de Beringen-Zolder restera en activité jusqu’en 1992.

 

AnnéeNbre charbonnagesProduction (mio T)Nbre d'ouvriers

1860

290

9,6

78.232

1870

285

13,6

91.993

1880

164

16,8

102.290

1890

134

20,3

116.779

1900

118

23,4

132.749

1910

125

23,9

143.701

1913

125

22,8

145.337

1949

166

22,6

145.300

1959

89

22,6

137.300

1969

35

13,1

35.600

1979

8

6,1

15.400

1981

3

6,1

14.900

1990

1

2,4

2.500

1993

0

0

0

 

Autres industries extractives

  • Les mines métalliques
  • Les carrières
    • De Lessines (pavés de porphyrite)
    • D’Ecaussine (petit granit)
    • Quenast (porphyre)

La sidérurgie et l’industrie mécanique

Hauts-fourneaux
Hauts-fourneaux

Source : Un passé pour 10 millions de Belges, p. 49

L’industrie sidérurgique et mécanique employait près de 140.000 ouvriers.

L’industrie lourde déployait sa puissance dans le pays noir où les villages aux maisons basses constituaient une seule immense agglomération :

  • de Mons à Quiévrain dans le Borinage,
  • du Roeulx à Fontaine-l’Evêque dans le Centre
  • de Marchienne-au-Pont à Tamines dans la vallée de la Sambre
  • de Flémalle-Haute à Herstal dans la vallée de la Meuse.

A Seraing, les usines Cockerill, installées au bord de la Meuse dans l’ancienne résidence des princes-évêques, restaient fidèles à leur triple tâche :

  • exploiter des mines
  • travailler le fer
  • fabriquer des machines (chaudières, turbines), des locomotives, des wagons

Elles occupaient 10.000 ouvriers, sans parler de leurs chantiers de constructions navales à Hoboken, près d’Anvers.

Parmi les entreprises sidérurgiques et spécialisées dans la construction mécanique figurent :

  • celles qui fournissent les concessions ferroviaires par la construction de machines à vapeur et locomotives, wagons, rails
  • celles qui produisent des tramways électriques
  • les ateliers construisant des machines à vapeur, des moteurs, des chaudières, des charpentes, des ponts, des machines-outils, etc.
  • les fonderies
  • les laminoirs
  • les tréfileries
  • les clouteries.

Parallèlement, la métallurgie du zinc est exploitée par la société anonyme de la Vieille Montagne. Elle prend une importance internationale et fournit le quart de la production mondiale vers 1913.

Usine de la Vieille Montagne
Usine de la Vieille Montagne 
Source : La Wallonie, son histoire, p. 146

Autres industries

  • La verrerie  occupait 23.000 ouvriers et fournissait un quart de la production mondiale. Elle est importante en Wallonie :
    • La région de Charleroi a le monopole du verre à vitre
    • Le bassin du Centre et le Borinage se spécialisent dans la gobeleterie
    • La région de Liège, avec le Val-Saint-Lambert, est renommée pour la cristallerie.
  • En 1865, l’industrie chimique réalise une percée lorsqu’Ernest Solvay établit à Couillet, près de Charleroi, sa première usine de fabrication industrielle de la soude à l’ammoniaque
  • Dans la région liégeoise, 20.000 ouvriers étaient employés dans l’armurerie.
    • Soit dans de nombreux petits ateliers
    • Soit dans quelques grandes firmes mécanisées comme la Manufacture d’armes de guerre de Herstal créée en 1889. Contrairement à ce que suggère son nom, cette dernière produisait des armes de chasse et de luxe avant de se lancer dans la construction de bicyclettes et d’automobiles.

Ernest Solvay Manufacture d'armes de guerre à Herstal
Ernest Solvay  
150 ans de vie économique
Manufacture d’armes de guerre à Herstal

Industries agricoles et urbaines

Dans les campagnes, les industries agricoles, brasseries-malteries, minoteries, fabriques de chicorée, fabriques d’engrais chimiques, amélioraient également de jour en jour leur situation. L’industrie sucrière employait plus de 20.000 ouvriers.

A côté de ces centres nettement déterminés, certains milieux urbains formaient une mosaïque des industries les plus diverses, où figuraient au premier plan :

  • les industries d’alimentation (plus de 100.000 ouvriers et employés),
  • les industries du bois et de l’ameublement (près de 150.000 salariés)
  • les industries de luxe, telles que la carrosserie, la ganterie, la dentelle et la maroquinerie
  • le travail du bâtiment attirait vers les grandes villes 160.000 ouvriers, dont beaucoup de Wallons
  • Bruxelles, dite ville de luxe, occupait avec ses faubourgs et les communes riveraines de la Senne, près de 100.000 ouvriers

Enfin, le tourisme international avait encore intensifié la production économique. Le rendement de la pêche maritime ne représentait qu’une part bien faible des ressources de nos plages du littoral, Ostende, Blankenberge, etc., célèbres dans le monde entier.

Le paysage industriel belge

Alors que jusqu’à la fin du 19e siècle, la Flandre vivait essentiellement de l’agriculture et de l’industrie textile, sa main d’œuvre jugée moins récriminatrice que la wallonne va séduire les entrepreneurs industriels. Le paysage industriel commence à se diversifier :

  • Les industries lourdes de Wallonie sont toujours très puissantes mais entament une perte en importance
  • Les nouvelles industries de pointe gagnent du terrain. On y trouve les activités liées à
    • La chimie qui offre un grand nombre d’emplois dans des branches très diversifiées
    • L’automobile
    • L’aéronautique
    • L’électricité
    • Et plus tard l’électronique

Les investissements dans ces secteurs profitent davantage à la Flandre qui bénéficie des facilités d’importation grâce au port d’Anvers. La région flamande commence à rattraper son retard.

Après la Seconde Guerre mondiale, les régions ne progressent plus au même rythme :

  • La Flandre monopolise pratiquement toutes les implantations nouvelles et attire les capitaux étrangers. De plus, d’importants investissements publics lui sont consacrés, notamment au bénéfice de ses infrastructures portuaires.

En 1960, elle a rattrapé son retard industriel et devient la région la plus riche et la plus dynamique.

  • En Wallonie  l’industrie accuse d’abord une certaine stagnation malgré les efforts de rénovation et de rationalisation : 
    • La sidérurgie s’adapte par une manœuvre de concentration d’entreprises : Cockerill et Ougrée-Marihaye fusionnent
    • Des regroupements ont également lieu dans le secteur de la verrerie
    • Dans le textile, de nombreuses petites entreprises marginales sont condamnées à la fermeture.

Mais les secteurs industriels wallons sont fortement défavorisés par des équipements vieillis, des investissements insuffisants et des coûts de production élevés. Le déclin industriel est inexorablement en marche et la prospérité de la Wallonie n’est plus qu’un souvenir.

La mondialisation de l’économie va encore aggraver la situation : les centres de décision se trouvent désormais à l’étranger avec toutes les conséquences qui en découlent : la fermeture d’entreprises jugées peu rentables ou leur délocalisation vers les pays à main-d’œuvre moins coûteuse.

Essor économique de la Belgique