L’idée folle d’inventer l’école …
A cette époque, à part quelques religieux, seuls les prêtres et les moines savaient lire, écrire et tenir des comptes. Charlemagne lui-même n’y avait pas été préparé. Il se rendit rapidement compte que l’instruction était indispensable au progrès de la civilisation. C’est pourquoi il ordonna aux moines d’ouvrir des écoles. Il y en eut de 3 types :
- Des écoles publiques pour mettre l’enseignement à la portée de tous. Chaque cathédrale et chaque monastère aurait une double école :
- Une école intérieure réservée aux clercs et aux moines. On y enseignait la théologie, le droit canon, la grammaire, la rhétorique, la logique, l’arithmétique, la géométrie, la musique et l’astronomie
- Une école extérieure gratuite ouverte à tout le monde. On y enseignait la foi, les prières, les psaumes, le chant, la grammaire, la lecture et l’écriture.
- L’école palatine ouverte dans le palais impérial. Elle était réservée aux enfants des seigneurs, mais Charlemagne y fit également entrer quelques enfants de condition modeste.
- L’académie palatine, sorte de cercle littéraire réservé aux membres de la famille de l’empereur.
Charlemagne était quelqu’un de cultivé : il parlait le latin, comprenait le grec et avait des notions de syriaque. Il fit composer des livres de théologie, rédigea une grammaire pour la langue des Francs, fit un recueil de leurs anciens chants nationaux. Il ordonna également que les moines s’appliquent à la calligraphie car il était important de pouvoir conserver le savoir. C’est sous son impulsion que naîtra la « minuscule caroline », écriture plus facile à lire et à écrire du fait de ses formes rondes et régulières.
La “minuscule caroline” Histoire illustrée de la Belgique |
Signature de Charlemagne Repères en histoire de Belgique |
Il avait une véritable soif d’apprendre. A ses rares moments perdus, il apprit quelque peu à lire et à écrire mais sa main savait mieux manier l’épée que la plume ! Sa force de caractère le poussait souvent à se lever pendant ses nuits d’insomnie pour essayer de tracer quelques lettres maladroites. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder sa signature, très simple à reproduire.
Cet immense désir de culture favorisa incontestablement ce qu’il est convenu d’appeler « la renaissance carolingienne ». Redoutant l’ignorance de son clergé souvent incapable de comprendre les Ecritures, Charlemagne fit appel à des humanistes étrangers pour enseigner dans les écoles des cathédrales et des monastères. Personnellement, il s’entourera de 2 commis de prédilection :
- Eginhard, moine et historien. C’est un fin lettré doublé d’un psychologue parfois ironique. Il deviendra le chroniqueur de Charlemagne.
- Alcuin, savant et religieux anglo-saxon, organisateur remarquable. Il luttera de toutes ses forces pour structurer de manière optimale le vaste empire en formant des élites de fonctionnaires dans la fameuse école palatine d’Aix-la-Chapelle.
Eginhard Source : Nos Gloires, J-L Huens |
Alcuin |
La civilisation sous Charlemagne était à la fois chrétienne dans son esprit, germanique dans son expression et latine dans ses aspirations. Elle fut, en grande partie, l’œuvre des moines :
- Des bibliothèques sont créées à l’intérieur des monastères où les moines recopient des manuscrits ornementés de lettrines et d’enluminures
- Le chant grégorien se développe
- Les églises sont bâties selon
- Le plan basilical comme à Nivelles et à Saint-Trond
- Le plan octogonal comme à Saint-Donatien à Bruges et Saint-Jean à Liège
- L’orfèvrerie religieuse se pare de cabochons, de pierres précieuses et d’émaux
- L’ivoire est utilisé pour les évangéliaires … et pour les jeux d’échecs
Moine copiste Source : Mémento historique, dossier 2 |
Evangéliaire Source : Histoire illustrée de la Belgique |
Hélas, la plupart de ces trésors seront détruits par les Normands.