Organisation du territoire
Un tel ensemble de peuples, de races, de coutumes et d’intérêts exige un gouvernement à la fois
- Fort et souple
- Centralisé et décentralisé
- Assez imaginatif pour résoudre les problèmes les plus variés
- Assez prévoyant pour éviter les catastrophes.
La clé du système résidera dans le contrôle permanent et attentif que Charlemagne exercera sur les points névralgiques de son territoire, notamment aux frontières susceptibles d’être menacées.
Les comtés
Ils étaient la base de tout le système administratif et correspondaient plus ou moins aux diocèses ecclésiastiques.
- Les comtes, choisis par Charlemagne parmi les gros propriétaires terriens, disposaient de tous les pouvoirs : civil, militaire, financier et judiciaire. Ils ne pouvaient pas transmettre leur charge à leurs héritiers.
- Chaque comte était accompagné d’un viguier ou vicomte, qui l’aidait dans sa tâche et, le cas échéant, le remplaçait si la nécessité l’exigeait.
- Sous le comte se trouvaient les centeniers responsables de l’administration d’une centaine de villages. Chaque centaine a son « mallus », tribunal populaire, présidé périodiquement par le comte. Les anciens rachimbourgs, choisis dans le passé pour une session donnée, sont remplacés par des « scabini » ou échevins qui sont, eux, des juges permanents.
- Sous le centenier venaient les dizainiers qui, comme leur nom le laisse présumer, administraient une dizaine de villages.
Les marches
Les comtés situés sur la frontière du territoire étaient organisés militairement afin de pouvoir répondre rapidement à toute tentative d’invasion. Ces comtés ont été appelés « marches ». En voici les principales :
- La marche de Bretagne, à l’entrée de la presqu’île des Bretons
- La marche de Toulouse et la marche de Gascogne, créées pour défendre les Pyrénées
- La marche d’Espagne qui tenait en respect les musulmans
- En Italie, la marche de Trente et la marche de Carinthie, destinées à fermer l’entrée de la péninsule
- En Germanie, la marche Orientale surveillait les Bavarois et les Avars
- La marche du Nord, près des bouches de l’Elbe, surveillait les Danois et les Slaves
Chaque marche était gouvernée par un margrave ou marquis. L’organisation de la marche était pareille à celle du comté.
Les légations
Missi dominici
Source : Nos Gloires – J-L Huens
Plusieurs comtés formaient une légation ou cercle, correspondant aux archevêchés. Ces légations étaient confiées à des missi dominici, les envoyés du maître.
Il y avait 2 missi dominici par légation, l’un laïc, l’autre ecclésiastique. Ils n’avaient pas de résidence fixe et entreprenaient la tournée de leur légation 4 fois par an. Ils avaient pour mission :
- De contrôler les actes des comtes et de leurs subordonnés (viguiers, centeniers et dizainiers)
- De répandre les directives de Charlemagne jusqu’aux extrémités du territoire
- De casser les décisions et jugements qu’ils estimaient erronés
- D’exercer eux-mêmes le droit de justice en agissant au nom de Charlemagne dont la compétence couvrait tous les domaines.
- De noter et de rapporter toute observation utile à Charlemagne afin qu’il soit continuellement au courant de la situation dans chacun de ses Etats et assuré que ses ordres étaient exécutés comme il se doit.
- D’informer le palais des abus éventuels
Une nouvelle capitale …
Le palais d’Aix-la-Chapelle
Source : Le Moyen âge, cycle 3, p. 16
Les anciennes capitales neustriennes (Paris et Soissons) et austrasienne (Metz) ont été remplacées par Aix-la-Chapelle, plus centrale et dont les eaux thermales plaisaient beaucoup à Charlemagne.
Le domaine royal
Les terres du roi formaient la principale source de ses revenus. L’étendue du domaine royal était considérable : aux terres que les Pippinides possédaient déjà sont venues s’ajouter celles des rois mérovingiens. Ainsi, Charlemagne possédait en son nom propre toutes les grandes forêts de Germanie et du Nord de la Francie.
Tout comme les rois mérovingiens, les Carolingiens n’avaient pas de résidence fixe. Eux aussi allaient d’un palais à l’autre même si le palatium d’Aix-la-Chapelle devint la résidence préférée de Charlemagne.