Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Les monarques

 

Blason des empereurs Habsbourg
Blason des empereurs Habsbourg

Source : Wikipedia

Les Habsbourg d’Autriche ont la particularité de porter plusieurs casquettes, et non des moindres. Chacun d’eux est :

  1. Empereur germanique (depuis 1452, leur dynastie fournit tous les empereurs du Saint-Empire)
  2. Archiducs d’Autriche
  3. Roi de Hongrie
  4. Roi de Bohême
  5. Souverain du Milanais, de Naples et de la Sicile
  6. Souverain des Pays-Bas méridionaux (au terme de la Guerre de Succession d’Espagne)

En ce début de 18e siècle, les domaines des Habsbourg d’Autriche sont donc très étendus mais dispersés ; ils font de l’empereur un des premiers souverains d’Europe. Dans cette mosaïque d’Etats on parle 7 langues différentes : l’allemand, le français, le flamand, l’italien, le magyar, le polonais et le tchèque.

Le territoire des Pays-Bas devenus autrichiens reste, comme par le passé, une union personnelle de principautés conservant une large autonomie les unes par rapport aux autres mais également vis-à-vis de leurs nouveaux souverains. Ceux-ci aborderont cette particularité de manière personnelle, heureuse pour les uns, malheureuse pour d’autres.

Pour l’heure, faisons plus ample connaissance avec les princes qui vont nous gouverner et dont le schéma ci-dessous donne un premier aperçu.

habsbourg-autriche

Charles VI (1713-1740)

L’intronisation de Charles VI dans les différentes provinces s’échelonna sur l’année 1717. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il y brilla par son absence. Il ne daigna d’ailleurs jamais fouler le sol des Pays-Bas. Il se fit représenter sur place par un gouverneur-général qui, à son tour, chargea un ministre plénipotentiaire de la gestion courante.

Charles VI se révéla autoritaire et peu respectueux des privilèges en vigueur. Tout au long de son règne, il considéra les Pays-Bas comme une partie secondaire de son vaste empire et consacrera toute son énergie à régler sa succession. Il faut savoir en effet qu’il n’avait pas d’héritier mâle ; aussi fit-il promulguer la Pragmatique Sanction d’Autriche afin de s’assurer que le territoire des Habsbourg sera hérité par sa fille Marie-Thérèse. Ensuite, il chercha à faire admettre cet édit par les puissances concernées, à savoir la France, l’Angleterre et les Provinces-Unies. Pour arriver à ses fins, il était prêt, comme nous le verrons plus loin, à toutes les compromissions.

 

Charles VI Marie-Thérèse
Charles VI 
Source : Wikipedia 
Marie-Thérèse  
Source : Quand la Belgique était autrichienne

Marie-Thérèse (1740-1780)

Lors du décès de son père, Marie-Thérèse eut maille à partir avec la France et la Prusse qui contestèrent sa légitimité malgré les assurances données précédemment à Charles VI. La Guerre de Succession d’Autriche (1740-1748) qui s’ensuivit se termina par le Traité d’Aix-la-Chapelle (1748) : Marie-Thérèse conserva ses possessions, sauf la Silésie qu’elle dut céder à la Prusse.

Afin de garder le Saint-Empire dans sa dynastie, elle fait élire son époux, François de Lorraine empereur germanique. Elle devient ainsi impératrice, titre qu’aucune femme n’avait obtenu jusqu’à cette époque. Désormais on parlera de la Maison de Habsbourg-Lorraine.

Le règne de Marie-Thérèse fut très populaire dans les provinces belges. Energique mais prudente, elle sut faire accepter des réformes sans mécontenter profondément ses sujets si jaloux de leurs privilèges. Pourtant, pas plus que son père, Marie-Thérèse ne paraissait apprécier particulièrement ses possessions belges : par 2 fois elle essaya, mais sans succès, d’employer certaines des provinces comme monnaie d’échange pour obtenir des territoires qui lui semblaient plus utiles à sa politique européenne ou dynastique :

  • En 1748, elle offrit le Brabant et la Flandre pour pouvoir disposer à nouveau de la Silésie
  • En 1755, elle proposa le Brabant et le Hainaut à la place des duchés de Parme et de Plaisance, particulièrement chers à son époux, François 1er.

A l’instar de son père, Marie-Thérèse n’eut jamais l’occasion de visiter les Pays-Bas.

Joseph II (1780-1790)

Marie-Thérèse et son gouverneur-général, Charles de Lorraine, meurent tous les deux en 1780. Joseph II succède tout naturellement à sa mère.

C’est un prince intelligent mais d’un caractère très autoritaire. Il est impatient de régner et d’établir les réformes qu’il a préparées depuis longtemps, inspiré par la philosophie des Lumières très en vogue au 18e siècle.

Quelques mois après la mort de sa mère, il entreprend un rapide voyage d’inspection dans les Pays-Bas pour mieux se rendre compte des modifications à apporter. Ce fut une véritable surprise pour les Belges qui n’avaient plus eu l’honneur de voir leur souverain depuis 1559 (Philippe II). Il visita avec célérité écoles, casernes, églises et fabriques. C’est au cours de ce voyage que quelque 3.000 pétitions lui furent remises. Elles renfermaient les plaintes les plus diverses parmi lesquelles :

  • Des plaintes contre la justice seigneuriale : des crimes demeurent impunis parce que les seigneurs veulent limiter les frais de justice. Certains juges ne savent ni lire ni écrire
  • Des plaintes contre la longueur des procès, les frais énormes de justice, l’emploi de la torture
  • Des plaintes de villageois qui déplorent que les juges nommés par les seigneurs soient à sa dévotion lors des procès
  • Des plaintes des protestants du Limbourg réclamant la tolérance
  • Des plaintes contre les corporations de métiers qui demandent des droits d’entrée excessifs.

Joseph II va tenir compte de ces doléances pour entreprendre la longue série de ses réformes sans évaluer le mécontentement qui pourrait en résulter. En tant que despote éclairé, il veut tout voir et tout diriger lui-même.

 

Joseph II Léopold II
Joseph II 
Source : Wikipedia 
Léopold II 
Source : Wikipedia – Yelkrokoyade

Léopold II (1790-1792)

Frère et successeur de Joseph II, mort sans descendance, Léopold II réussit sans grandes difficultés à reconquérir les Pays-Bas après l’indépendance éphémère des Etats-Belgiques-Unis (1789-1790). Soucieux de rétablir la paix, il annula les réformes de son frère et amnistia les rebelles.

Régime autrichien