L’occupation allemande
Bombardements
Une première conséquence de l’occupation allemande fut d’exposer le pays aux bombardements :
- Des gares de triage
- Des centres d’approvisionnement
- D’autres points névralgiques de la défense ennemie.
Les alliés firent tout ce qui était en leur pouvoir pour ménager la Belgique tout en accomplissant leurs devoirs de combattants.
Il y eut malgré tout des méprises dramatiques. Parmi les villes fréquemment atteintes ou touchées d’une manière particulièrement dure, il faut citer Huy, Namur, Aarschot, Vieux-Dieu (faubourg d’Anvers), Mons, Saint-Ghislain, dans le Borinage, où 550 maisons furent rasées. A Bruxelles, il y eut dans l’ensemble 947 tués et plus de 1.100 blessés.
La détresse des Belges
Le Führer s’était proposé, après la victoire qu’il jugeait certaine, de rattacher la Belgique au Reich, probablement sous la forme de 2 petits Etats, l’un flamand, l’autre wallon, fédérés et complètement asservis. Au début, il donna pour instruction à ses troupes d’adopter une attitude bienveillante.
La situation n’en était pas moins plus complexe et plus douloureuse pour les Belges que durant la guerre précédente.
- L’autorité communale, restée si puissante sous la première occupation, était désarticulée
- Le faible collège des secrétaires généraux des départements ministériels était rendu suspect par l’introduction, dans son sein, de personnages ouvertement acquis aux nazis.
- L’occupant pratiquait une « Flamenpolitik » : s’inspirant du précédent de 1914-1918, il chercha à s’appuyer sur les Flamands à qui il accorda quelques satisfactions comme, par exemple, la libération de leurs 106.000 prisonniers de guerre, alors que les soldats francophones restaient emprisonnés. Hitler considéra ces derniers comme non fiables et susceptibles de rejoindre la Résistance, contrairement aux Flamands.
Le commerce et l’industrie se remirent au travail, mais au ralenti et en usant de mille subterfuges pour réduire au minimum ce que leur activité pouvait apporter d’aide à l’effort de guerre allemand.
Organisé sur une vaste échelle, le travail forcé en Allemagne, arrachait à leur famille des travailleurs des deux sexes. Leur nombre est estimé à quelque 500.000 personnes en Belgique :
- On enlevait la carte de ravitaillement aux réfractaires.
- Les « Centres d’embauchage » (Werbestellen) organisaient des traques contre ceux qui préféraient gagner la campagne. Ces traques s’opéraient avec le concours de Kommandos de chasse, spécialement préparés à leur tâche.
Les Belges, champions de la débrouille, trouvèrent toutefois quantité de moyens pour aider les jeunes à échapper à ces prestations en travail prévues selon l’ordre nouveau. Mais le pays se trouva bientôt vidé et, malgré un rationnement sévère, il connut les souffrances de la sous-alimentation. Un marché noir naquit, doublement immoral car :
- Il ne pouvait soulager que les classes possédantes
- Il créait une catégorie de louches et brutaux trafiquants ou intermédiaires.
Le travail obligatoire Wikipedia |
Carnet de rationnement Bruxelles, où est le temps, p. 257 |
Marché noir Bruxelles, où est le temps, p. 269 |
L’opinion publique s’exaspéra chaque jour davantage mais se sentait néanmoins soutenue par les émissions quotidiennes de la radio anglaise (BBC). Le monde des affaires était malheureusement asservi à des tentatives d’intégration de l’Economie belge dans l’Economie allemande et se débattait parmi les difficultés d’une administration paperassière visant à tout réglementer.
La résistance
L’opposition grandissait. Dans tout le pays, de nombreux groupes organisaient isolément la résistance. En attendant le moment d’agir :
- Ils surveillaient les Allemands,
- Ils renseignaient les Alliés
- Ils prêtaient secours aux aviateurs descendus subrepticement dans les campagnes belges.
- Ils organisaient des filières pour permettre aux Belges de rejoindre les Alliés
- Dans les régions les moins accessibles du pays, de petites colonnes tenaient « le maquis »
- Ils sabotaient les voies ferrées
- Ils opéraient de hardis coups de main.
Groupe de résistants La Deuxième Guerre mondiale racontée aux enfants, p. 50 |
Maquisards La Deuxième Guerre mondiale racontée aux enfants, p. 50 |
Sabotage de voie ferrée Histoire de la Belgique en mots et en images, p. 213 |
Mais la Résistance se situait aussi à Londres où le gouvernement belge s’était exilé. En utilisant les antennes de la BBC, il pouvait développer une propagande en français et en flamand en direction de la Belgique occupée. Peu à peu, il reconstitua des forces militaires avec des volontaires évadés de Belgique ou des Belges résidant à l’étranger. Ces Belges de l’exil se mirent héroïquement au service de la cause en :
- S’engageant dans la Royal Air Force
- Participant à la défense aérienne des villes britanniques bombardées
- Participant aux opérations contre l’Allemagne.
Par ailleurs, grâce aux immenses ressources du Congo et de l’or de la Banque Nationale, le gouvernement Pierlot fut à même d’apporter une aide précieuse aux Alliés.
La Gestapo
Devant cet état de fait, la répression allemande devint bientôt terrible. La Gestapo :
- Procéda à des milliers d’arrestations et de déportations dans les horribles camps de concentration,
- Tortura les prisonniers pour leur arracher des aveux
- Mit à mort ou provoqua la mort par épuisement physique d’un nombre de patriotes évalué à 15.000 sur 40.000 prisonniers politiques.
Certains centres d’emprisonnement, comme le fort de Breendonk près de Boom ou comme les camps de Buchenwald, de Dachau et tant d’autres en Allemagne, acquirent une réputation sinistre. Conformément aux abominables lois racistes, les Juifs connurent des persécutions cruelles, malgré les prodiges d’ingéniosité déployés par toutes les classes de la société pour les soustraire à leur sort.
La Gestapo | Le fort de Breendonk |
Les collaborateurs
Lorsque, à la fin de l’année 1940, les Allemands virent que la population reprenait courage, ils cherchèrent de l’appui auprès de « collaborateurs » belges.
- Il en était qui étaient devenus traîtres par simple intérêt personnel
- Plusieurs journaux (le Nouveau Journal, Cassandre, etc.) déclaraient que, pour les Belges, la guerre était finie, qu’il fallait accepter la situation comme elle se présentait et aider les Allemands à fonder un « ordre nouveau », affranchi de la démocratie parlementaire et solidement discipliné.
- Des émissions de radio furent régulièrement lancées, recevant, comme les journaux, des directives de la « Propaganda Abteilung »
Fait plus grave encore, les partis extrêmes de l’opposition belge se mirent en bloc au service de l’ennemi :
- Léon Degrelle et ses rexistes formèrent une Légion wallonne qui combattit les Russes sur le front oriental
- L’on vit réapparaître la vieille garde de l’activisme flamand de 1916 mêlée aux jeunes impudents qui avaient pris coutume de brûler les drapeaux belges au pèlerinage de Dixmude
- Le Vlaams Nationaal Verbond (VNV), raciste, extrémiste et inféodé au Führerprinzip, avait absorbé les Verdinasos et Rex flamands. Le journal « Volk en Staat » revendiquait un pouvoir unique dans un Etat de Flandre devenu vassal de l’Allemagne
- Il y avait aussi le groupe De Vlag (Duits-Vlaamse Arbeidsgemeenschap), qui n’aimait pas le VNV mais réclamait comme lui une incorporation ouverte ou déguisée à l’Allemagne.
Degrelle et la Légion Wallonie Histoire de la Belgique en mots et en images, p. 50 |
Algemene SS flamands Wikipedia |
Staf De Clerq et les partisans du VNV |
Ces hypernationalistes wallons et flamands s’étaient enrôlés par milliers dans les milices formées par des instructeurs S.S. Elles portaient les noms les plus divers :
- Légion Wallonie
- Garde Wallonne
- Gendarmerie auxiliaire
- Vlaams Legioen
- Vlaamse Wacht
- Dietsche Militie
- Zwarte Brigade, etc.
Affiche de la Légion Wallonie Wikipedia |
Zwarte Brigade |
Les chefs hautains de la Reichswehr gardaient visiblement ces messieurs méprisables à distance. Mais la Gestapo en avait fait des auxiliaires empressés :
- Soit pour répandre la terreur,
- Soit par des représailles lorsque leurs membres tombaient sous les coups vengeurs de la Résistance.
- Rexistes et V.N.V. organisèrent un régime systématique d’assassinats.
- En 1944, les serviteurs de l’Allemagne, aux abois, organisèrent de véritables massacres, notamment à Charleroi.
Il vint un moment où, informées de ces atrocités, les personnes menacées d’être capturées comme otages ou exterminées cherchèrent, par milliers, refuge chez des amis, s’évadèrent dans les campagnes ou se cachèrent au sein du maquis.