Léopold II et la politique étrangère
Les débuts du règne de Léopold II furent bousculés par la situation internationale et plus particulièrement par la mésentente conflictuelle entre la Prusse et la France. Avertie des visées de la France sur la Belgique, l’Angleterre força Napoléon III à démentir ses projets de conquête.
Léopold II resta néanmoins fort inquiet et convaincu de la mauvaise foi de l’Empereur des Français. Il supplia donc ses ministres de renforcer la défense du pays mais il se heurta à l’antimilitarisme de la droite. Il réussit néanmoins à augmenter les effectifs militaires et à mobiliser 120.000 hommes. Dans le même temps, il donna son appui à Frère-Orban afin de faire échouer le plan ferroviaire de Napoléon III qui envisageait de s’approprier les principales voies ferrées belges.
Le 19 juillet, le conflit redouté éclata aux frontières belges. Sans tarder le gouvernement notifia aux belligérants sa ferme décision de défendre la neutralité du pays envers et contre tous. Le roi devint la cheville ouvrière des ministères des Affaires étrangères et de la Guerre :
- Il étudia les rapports de ses diplomates
- Il contrôla de très près l’activité gouvernementale.
Napoléon III Source : Wikipedia |
Infanterie belge à la frontière en 1870 Histoire de la Belgique et de son expansion coloniale, p. 593 |
La France s’effondra à Sedan et le péril était écarté momentanément.
Léopold II était persuadé que, tôt ou tard, la puissance militaire de l’Allemagne se manifesterait à nouveau. Mais la majorité parlementaire, elle, n’avait tiré aucun enseignement de la guerre de 1870 et se montrait plus antimilitariste que jamais. Les rapports de la Couronne avec le cabinet commencèrent alors à se tendre chaque jour davantage. A la fin de novembre 1871, le roi, constatant que des manifestations de rues avaient été mal réprimées, saisit ce prétexte pour exiger la démission du ministère. L’acte surprit mais était néanmoins strictement constitutionnel : le roi avait le droit incontesté de renvoyer ses ministres. Les Chambres approuvèrent d’ailleurs le geste royal en accordant la majorité au nouveau gouvernement.
Guillaume II
Source : Wikipedia
Les hommes politiques avaient maintenant fait connaissance avec la volonté de fer et l’invincible ténacité de Léopold II. Ils ne tenteront plus d’affronter de face celui qu’on surnommera désormais « le géant dans un entresol ».
Après son intervention, le souverain se trouvait néanmoins dans l’obligation de se tenir sur une prudente réserve, sous peine de fausser le jeu des institutions parlementaires. Il remit à plus tard le combat pour la défense nationale.
Trois décennies plus tard, en janvier 1904, Léopold II eut l’occasion de rencontrer l’empereur d’Allemagne. Guillaume II proposa d’agrandir le territoire de la Belgique en lui offrant la Flandre française, l’Artois et l’Ardenne en échange de la collaboration des Belges. Le Roi répondit avec mépris qu’il n’accepterait jamais un tel projet. L’empereur, froissé, menaça ouvertement le souverain.
Après cet intermède, Léopold II se sentit plus que jamais obligé de veiller au renforcement de la défense nationale du pays. Il devenait indispensable :
- D’instaurer au plus tôt le service militaire généralisé
- De perfectionner les voies de communication
- D’achever le port de Zeebrugge.
Groupée une nouvelle fois autour de Charles Woeste, la vieille droite s’opposa à l’idée d’une armée efficace. Léopold II devra encore attendre quelques années avant que le gouvernement ne présente à sa signature la loi établissant le service militaire obligatoire. C’était 3 jours avant sa mort …