A la recherche de la pacification politique et sociale
Auguste Beernaert
Source : La Belgique
centenaire, p. 185
Léopold II avait suivi avec inquiétude les manifestations de sectarisme des deux grands partis. Le 7 septembre, une manifestation catholique, organisée à Bruxelles en faveur de la loi Jacobs, avait été disloquée de la manière la plus violente par les libéraux.
Le Roi nourrissait de vastes projets coloniaux pour la réalisation desquels l’accord patriotique des groupes lui était nécessaire. Sans outrepasser ses prérogatives, il exigea la démission de 2 ministres particulièrement agressifs, Jacobs et Woeste (22 octobre 1884). Le ministère entier donna sa démission. Alors le Roi chargea un des membres du Cabinet connu pour sa modération et son esprit d’opportunisme, Auguste Beernaert, de former un ministère de « pacification politique et sociale ».
Mesure prudente ! Le moment était venu où l’apparition de la question sociale allait donner aux problèmes politiques une ampleur jusqu’ici inconnue. Les conditions d’existence matérielle de la classe ouvrière, très atteinte par les progrès du machinisme, très exploitée et misérable, étaient épouvantables.
Le Parti Ouvrier fut créé les 5 et 6 avril 1885 par :
- Le Dr César de Paepe
- Jean Volders
- Edouard Anseele
- Louis Bertrand
En tant que troisième parti politique belge, il visait la conquête des pouvoirs publics par des moyens légaux. Quelques intellectuels surent s’intégrer au parti et gagner sa confiance. Parmi eux figurent :
- Emile Vandervelde
- Jules Destrée
- Louis de Brouckère.
César de Paepe | Jean Volders | Edouard Anseele | Louis Bertrand | Emile Vandervelde | Jules Destrée | Louis de Brouckère |
Comprenant que ce n’est pas par la répression des troubles seulement qu’un gouvernement peut résoudre les conflits sociaux, Auguste Beernaert consacra près de 10 ans à l’édification d’une œuvre très complète de législation sociale.
- Les libéraux persistèrent à porter leur sollicitude vers les questions scolaires et électorales ; ils créèrent peu d’œuvres.
- Les catholiques, préoccupés de ne pas perdre l’appui des ouvriers chrétiens, étudièrent la question sociale dans plusieurs congrès. L’encyclique Rerum Novarum, publiée le 15 mai 1891 par Léon XIII et bientôt dénommée « la charte chrétienne des travailleurs », les encouragea à reconnaître enfin la légitimité du syndicalisme ouvrier.
Sur ces entrefaites, quelques députés de Bruxelles, dont le catholique Henry Carton de Wiart et Jules Renkin fondèrent l’Avenir Social, dénommé en 1896 la « Justice Sociale ». Cette Jeune Droite défendait :
- le suffrage universel
- l’instruction obligatoire
- le service personnel
- l’impôt progressif sur le revenu
- le salaire familial
A la tête de la « Vieille Droite », Charles Woeste, consterné autant qu’irrité, lui rendit la vie assez dure. L’entrée en scène d’un petit groupe démocrate-chrétien flamand sous la conduite d’un prêtre du pays d’Alost, l’abbé Daens, envenima encore la querelle (1893).
Le pape Léon XIII Wikipedia |
Henri Carton de Wiart La Patrie belge, 1830-1930 |
Jules Renkin La Belgique centenaire |
L’abbé Daens La Belgique centenaire |
Liste des chapitres :
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La période unioniste
-
La période du doctrinarisme
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Le conflit des idéologies
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A la recherche de la pacification politique et sociale
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Toute-puissance du parti catholique
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La politique intérieure de l'entre-deux-guerres
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Après la libération, le gouvernement revient d'exil
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La fragmentation
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Le fédéralisme
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Et au 21e siècle ?